Vers un meilleur étiquetage des allergènes dans les produits cosmétiques parfumés

étiquetage produit cosmétique allergènes

Dès 2025, les fabricants de cosmétiques devront identifier la présence d’allergènes sur l’étiquette de leurs produits parfumés. 

Saviez-vous qu’il existe au Canada un Règlement sur les cosmétiques ? Ce Règlement, entré en vigueur en 2006, fait présentement l’objet d’une révision afin d’inclure, entre autres, une exigence de divulgation des allergènes pouvant se retrouver dans les produits cosmétiques parfumés. Qu’en est-il au juste ?

Que dit la réglementation actuelle ?

Le Règlement sur les cosmétiques oblige les fabricants de produits cosmétiques à déclarer, sur l’étiquette extérieure d’un produit, tous les ingrédients qu’il contient. Chaque ingrédient doit être nommé selon son appellation INCI*, c’est-à-dire la nomenclature internationale d’ingrédients cosmétiques. Ainsi, chaque constituant est identifié par une seule appellation, laquelle est reconnue mondialement.

* L’appellation INCI est différente de la liste de noms usuels des allergènes prioritaire exigée lors de l’étiquetage des allergènes dans les produits alimentaires.

Accéder plus facilement à l’information

Selon Santé Canada, « [..] le public demande de plus en plus d’accéder facilement à de l’information sur la protection de la santé concernant les produits chimiques dans les produits de consommation, ce qui comprend les cosmétiques » [1]. C’est dans ce contexte que le groupe de travail chargé de la révision du Règlement a proposé d’obliger les fabricants à divulguer certains allergènes de parfum sur les étiquettes de cosmétiques.

Les allergènes de parfum ne sont pas des allergènes prioritaires, mais plutôt des molécules qui, chez certaines personnes sensibles, provoquent des réactions allergiques localisées sur la peau, notamment des dermatites de contact allergiques. Le benzyle salicylate, la coumarine et l’eugénol sont des exemples d’allergènes de parfum.

Mais pourquoi encadrer seulement les allergènes de parfum ?

En réalité, ce sont les fragrances qui posent problème lors de l’identification des allergènes dans les produits cosmétiques. En effet, si un ingrédient reconnu comme étant un allergène fait partie de la composition d’un produit cosmétique, le fabricant l’indiquera sur l’étiquette sous son appellation INCI… à moins que cet allergène ne soit présent dans le parfum (ou fragrance) ajouté au produit. Dans ce cas, le fabricant a deux choix. Soit il inscrit tous les ingrédients du parfum sur l’étiquette, soit il présente seulement le mot « parfum » à la fin de la liste des ingrédients.

Le problème, c’est que même si certaines fragrances ne sont composées que d’un ou de deux ingrédients, d’autres en contiennent plusieurs, parfois jusqu’à 250 [2] ! De quoi encourager les fabricants à utiliser le mot « parfum » sur l’étiquette plutôt que de nommer l’intégralité des ingrédients d’une fragrance. Or, parmi les plus de 3 000 ingrédients qui peuvent composer une fragrance, plusieurs sont reconnus comme étant des allergènes.

Les allergènes de parfum sont-ils dangereux ?

En général non… sauf si vous y êtes allergique. On ne parle toutefois pas d’une réaction menant à l’anaphylaxie. On parle plutôt d’une réaction allergique cutanée, c’est-à-dire sur la peau. La fragrance pourrait par exemple causer une irritation, des rougeurs, des démangeaisons ou des éruptions cutanées, ce que l’on appelle la dermatite de contact allergique.

En Europe, la prévalence des cas de dermatites de contact allergiques liées à des ingrédients de parfum se situerait entre 1 % et 3 % dans la population générale [3, 4]. La proportion de réactions cutanées serait possiblement plus élevée chez ceux et celles qui souffrent d’eczéma, soit autour de 10 % [5].

Mieux encadrer l’identification des allergènes dans les produits cosmétiques

La nouvelle mouture du Règlement sur les cosmétiques, proposé dans la Gazette du Canada le 11 février 2023, exige que soit inscrit dans la liste des ingrédients présente sur l’étiquette du produit :

  • l’allergène* de parfum dont la concentration dans un produit de cosmétique qui nécessite un rinçage est supérieure à 0,01 % ;
  • l’allergène de parfum dont la concentration dans un produit de cosmétique qui ne nécessite pas de rinçage est supérieure à 0,001 %.

* Une liste de 24 allergènes de parfum devrait être incluse au Règlement, soit la même liste que celle présentée à l’annexe III du Règlement relatif aux produits cosmétiques de la Commission européenne.

Ces nouvelles dispositions réglementaires ne sont toutefois pas en vigueur pour le moment. Elles le seront deux ans après l’enregistrement du Règlement, ce qui devrait se faire quelque part en 2023. Il faudra donc attendre 2025 pour voir apparaître la mention des allergènes de parfum sur les étiquettes des produits cosmétiques.

Attention aux petits emballages de cosmétiques !

Six mois après l’enregistrement de la nouvelle version du Règlement prévu en 2023, les produits de cosmétiques vendus dans de petits emballages (p. ex. crayons pour les yeux, produits en format de voyage, produits offerts par les hôtels, etc.) pourront présenter la liste des ingrédients sur le site Internet du fabricant, au lieu de le présenter sur l’étiquette du produit.

Cet assouplissement vise à inclure l’obligation de déclarer la présence d’allergènes dans les fragrances de ces produits. Pour faciliter la recherche des consommateurs en magasin, un code QR placé à proximité du produit pourrait ainsi rediriger le client vers le site Internet du fabricant.

La révision du Règlement sur les cosmétiques est un pas de plus pour faciliter la vie des personnes allergiques. En attendant qu’il soit en vigueur, demeurez vigilant si vous êtes sensible à certaines fragrances dans les produits cosmétiques!  

Par Katia Vermette

À ÉCOUTER :

Mythes et réalités sur l'auto-injecteur d'épinéphrine -balado

[1] Santé Canada. (11 février 2023). Règlement modifiant certains règlements visant la divulgation des ingrédients des cosmétiques – Résumé de l’étude d’impact de la réglementation. La Gazette du Canada, partie I, volume 157, numéro 6. https://canadagazette.gc.ca/rp-pr/p1/2023/2023-02-11/html/reg4-fra.html

[2] International Fragrance Association (IFRA). (2012, septembre). The socio-economic impact of fragrance technologies in Europe. [PDF]. https://ifrafragrance.org/docs/default-source/policy-documents/23341_pp_2013_10_07_the_socio-economic_impact_of_fragrance_technologies_in_europe-(5).pdf?sfvrsn=4e602dfd_0

[3] Scientific Committee on Consumer Safety – European Commission. (2012, juin). Opinion on fragrance allergens in cosmetic products. https://health.ec.europa.eu/system/files/2016-11/sccs_o_102_0.pdf

[4] Reeder, M. J. (2020). Allergic Contact Dermatitis to Fragrances. Dermatologic clinics, 38(3), 371–377. https://doi.org/10.1016/j.det.2020.02.009

[5] van Oosten, E. J., Schuttelaar, M. L., & Coenraads, P. J. (2009). Clinical relevance of positive patch test reactions to the 26 EU-labelled fragrances. Contact dermatitis, 61(4), 217–223. https://doi.org/10.1111/j.1600-0536.2009.01605.x