Autres allergènes et déclencheurs de réaction allergique
Il est ici question d’autres substances causant des réactions ou encore de facteurs associés au déclenchement d’une allergie alimentaire, notamment les sulfites, l’exercice physique, le latex, le pollen ainsi que le syndrome de l’allergie orale.
Sulfites
Les sulfites sont des sels inorganiques fréquemment utilisés, notamment, pour maintenir la couleur des aliments et comme agent de conservation. Bien qu’ils s’avèrent inoffensifs pour la majorité des gens, pour d’autres, ils sont à l’origine de symptômes rappelant l’allergie. On parle, entre autres de symptômes comme l’urticaire, la toux, les étourdissements, les troubles gastro-intestinaux et les problèmes respiratoires ainsi que de réactions anaphylactiques et de crises d’asthme.
Distinction de l’allergie alimentaire
Les scientifiques parlent, toutefois, d’une sensibilité chimique aux sulfites et non pas d’une allergie. La majorité des cas seraient observés chez des adultes asthmatiques, particulièrement des femmes et des patients qui utilisent des pompes de corticostéroïdes. Dans cette population sensible, les sulfites représenteraient un facteur déclencheur ou aggravant de l’asthme.
Contrairement aux allergies alimentaires, les sensibilités chimiques comme celle-ci ne feraient pas intervenir les anticorps IgE. En outre, alors que les protéines alimentaires sont à l’origine des réactions allergiques aux aliments, les scientifiques n’ont pas encore pu établir ni la cause de la sensibilité chimique ni comment elle se développe. Ils évaluent cependant la possibilité que les substances chimiques puissent induire le développement d’une maladie auto-immune ou encore être associées à une déficience du système immunitaire, ce qui expliquerait l’apparition des symptômes chez les personnes sensibles .
Malgré le fait que près de 70 ans nous séparent du premier cas décrit, la sensibilité chimique demeure un concept mal défini que l’on s’explique difficilement, encore aujourd’hui. En fait, des hypothèses immunologiques, neurologiques, métaboliques, socioculturelles et même psychologiques ont été proposées pour expliquer le mécanisme d’apparition de la sensibilité chimique . Aucune d’entre elles n’a cependant été démontrée jusqu’à présent.
Identification de la présence de sulfites
L’utilisation des sulfites dans les produits de consommation est régie par la loi sur l’étiquetage au même titre que les allergènes prioritaires et le gluten. Ainsi, cette substance doit toujours être clairement déclarée sur l’étiquette des aliments, qu’ils soient présents à titre d’ingrédients ou de constituants d’ingrédients, et ce, en utilisant leur nom usuel. On le retrouvera dans la liste d’ingrédients ou sous la mention : « contient ».
Synonymes de sulfites
Acide sulfureux, anhydride sulfureux, agents de sulfitage, bisulfite/dithionite/métabisulfite/sulfite de sodium, bisulfite/métabisulfite de potassium, dioxyde de soufre, dithionite de sodium, E220, E221, E222, E223, E224, E225, E226, E227, E228 (noms européens)
Sources très probables de sulfites
Ale, bière, boissons gazeuses, cidre, condiments (choucroute, cornichons, ketchup, moutarde, relish, raifort, oignons marinés …), confiture, fruits confits/cristallisés (ex. : pommes, raisins, cerises au marasquin), fruits/légumes en conserve ou congelés (ex. champignons, olives, petits pois, poivrons, tomates), fruits/légumes séchés (ex. pommes, abricots, noix de coco, tomates, papayes, pêches, poires, ananas, raisins), garnitures aux fruits, gélatine, gelées, guacamole commerciale, grignotines (ex. barres aux fruits, bonbons, croustilles de maïs, mélanges montagnards, tablettes de chocolat,…), jus/concentré de citron et de lime, jus de fruits/légumes (ex. : raisin, raisin blanc), jus de noix de coco, marmelade, mélasse, mélanges de féculents frits/congelés/déshydratées/en purée/pelées/précoupées (ex. : maïs, pommes de terre, betteraves à sucre, nouilles, riz), mincemeats, müesli, pâte/pulpe/purée de tomates, pectine, raisins frais, sauces, salade de chou, salade de fruits commerciale, sir ops aux fruits, sirops de sucre (ex. : sirops de glucose, matières sèches de glucose, sirops de dextrose), soupes/mélanges à soupe, thé, vins (alcoolisés/non alcoolisés), vinaigre, vinaigre de vin, vinaigrettes.
Source possible de sulfites
Aliments transformés, assaisonnements, céréales, charcuteries, craquelins, crustacés et mollusques (ex. : crevettes), épices (ex. : cari), fécule ou semoule de maïs, fines herbes séchées, glucose, hot dogs, laitue, mollusques, poissons, produits à base de soja, produits de boulangerie (ex. : pains, biscuits, gâteaux, gaufres), saucisses, etc.
Exercice physique
Déclenchée lors d’un effort physique, l’anaphylaxie induite par l’exercice se caractérise par une sensation de chaleur et de démangeaison, par des rougeurs, de l’urticaire généralisée (plaques rouges et blanches enflées) avec picotement, puis d’autres manifestations plus graves si l’exercice n’est pas cessé (blocage des voies respiratoires, défaillance cardio- vasculaire…). Ce type d’anaphylaxie est toujours lié à l’exercice, mais des facteurs environnementaux peuvent contribuer à son déclenchement. Souvent, la réaction se produira durant un exercice pratiqué dans les minutes ou les premières heures suivant l’ingestion d’aliments qui sont normalement inoffensifs. Elle peut être associée à un aliment spécifique ou non. Même une personne qui ne manifeste pas d’allergie alimentaire peut avoir ce type de réaction.
Quels sont les aliments coupables?
Les aliments les plus souvent associés à l’anaphylaxie induite par l’exercice sont le céleri, le blé, les fruits de mer et les noisettes. Souvent, la consommation des aliments spécifiques en cause qui n’est pas suivie de la pratique d’exercice ne provoque aucune réaction.
Quels peuvent être les autres facteurs déclencheurs?
Des facteurs environnementaux peuvent favoriser le déclenchement de la réaction tels que des conditions chaudes, l’exposition à des pollens et la prise de médicaments comme l’aspirine et les anti-inflammatoires. Quant aux activités physiques, ce sont les activités d’aérobie exigeant un effort cardio-vasculaire qui sont plus susceptibles de déclencher une réaction allergique (ex. : jogging, tennis, hockey, racketball, danse, etc.).
Pollen, poussière, moisissures et animaux
Les réactions allergiques aux pollens et autres aéroallergènes sont fréquentes. Pour plus de détails médicaux et de conseils pratiques concernant ces allergies, nous vous invitons à communiquer avec l’Association Pulmonaire du Québec. Toutefois, si vous soupçonnez une allergie pollen-aliment ou en avez reçu le diagnostic, voici plus d’informations :
Syndrome de l’allergie orale (ou syndrome pollen-aliment)
Le fait d’avoir des allergies saisonnières n’engendre pas nécessairement des allergies alimentaires. Toutefois, cela en augmente le risque. En effet, le syndrome de l’allergie orale incommode plusieurs personnes qui ont une allergie au pollen (notamment au pollen de bouleau, mais aussi à l’herbe à poux, au gazon au pollen de graminées, à l’herbe à poux (plus répandue en Amérique du Nord) et à l’armoise (plus répandue en Europe). Ces réactions peuvent se produire à n’importe quel moment de l’année, mais sont souvent plus vives pendant la saison de production de pollen . La réaction survient immédiatement après avoir mangé des fruits frais ou légumes crus et parfois même s’ils sont cuits (surtout pour les noix). Cette réaction est due au fait que certaines protéines que l’on retrouve dans les fruits ou légumes sont similaires à celle du pollen auquel la personne est allergique (le système immunitaire les confond). On parle alors d’une réaction croisée pollen-aliment qui entraîne ainsi la personne à réagir autant au pollen qu’à l’aliment contenant des protéines similaires. Il arrive que pendant la période de pollinisation la personne allergique soit davantage hypersensible.
Aliments associés à l’allergie au pollen de bouleau
Habituellement, les personnes allergiques au pollen de bouleau peuvent réagir à certains fruits, légumes et noix. Souvent, les fruits qui causent un problème sont les kiwis, les pommes, les poires ainsi que les fruits à noyau tels que les abricots, les cerises, la pêche, les nectarines, les prunes. Parmi les légumes, la famille de la pomme de terre (poivron, tomate, etc. ) et la famille du persil (carotte, céleri, fenouil, panais, aneth, etc.) sont plus susceptibles de provoquer une réaction allergique orale chez ces personnes. Finalement, les avelines, les noisettes et les noix de Grenoble sont aussi des aliments responsables du syndrome pollen-aliment.
L’allergie au bouleau est la plus souvent en cause dans les cas de syndrome de l’allergie orale. On estime en effet qu’entre 50 % et 70 % des personnes allergiques au pollen de bouleau développeront une allergie croisée à au moins un aliment par exemple la pomme, la pêche, la poire et le céleri . Les protéines en cause dans cette allergie adoptent une structure similaire à Bet v 1, l’allergène provoquant la sensibilisation initiale au pollen de bouleau. Il est à noter que la présence de rhinite allergique est pratiquement toujours antérieure au développement d’un syndrome de l’allergie orale . Ce tableau représente les associations pollen-aliment les plus fréquemment rencontrées en ce qui concerne le syndrome de l’allergie orale.
Symptômes du syndrome de l’allergie orale
Les principaux symptômes sont les démangeaisons et les brûlures au niveau des lèvres, de la bouche et de la gorge et parfois même des inconforts gastro-intestinaux. Bien que les réactions graves soient rares, il vaut mieux tout de même éviter les aliments frais qui causent des réactions allergiques.
Syndrome de l’allergie orale et alimentation saine
Une saine alimentation est-elle possible avec le syndrome de l’allergie orale? Certaines personnes avec le syndrome de l’allergie orale sont restreintes dans leur alimentation. Il est important de continuer à manger équilibré et de varier ses menus; n’hésitez pas à consulter une diététiste membre de l’ordre professionnel des diététistes du Québec. Vous trouverez un peu d’inspiration pour vos menus dans l’article Allergie et pollen.
Pour poursuivre votre lecture à ce sujet, consultez :
Connaissez-vous le syndrome de l’allergie orale?
Latex
Le latex d’origine naturelle est tiré de l’ « arbre à caoutchouc », dont la sève contient des protéines. Or, certains individus sont allergiques à ces protéines.
Où retrouve-t-on le latex ?
Le latex est utilisé, entre autres, dans la fabrication de condoms, de gants de caoutchouc, de ballons gonflables (« ballounes »), de matériel médical, de gants chirurgicaux, de tétines pour biberons, de jouets, de pneus, de bandes élastiques.
Y a-t-il des réactions allergiques croisées associées au latex ?
Les personnes allergiques aux protéines du latex naturel pourraient aussi être allergiques à des aliments dont les protéines ressemblent à celles de la sève de l’« arbre à caoutchouc ». La banane, l’avocat, le kiwi, l’abricot, la châtaigne, le raisin, les fruits de la passion, et l’ananas sont des exemples d’aliments qui contiennent des protéines semblables à celles du latex. On rapporte que dans 35 % des cas, elles pourraient causer des réactions allergiques chez les personnes allergiques au latex.
Peut-on utiliser des gants de latex en restauration ?
Allergies Québec propose d’éviter l’utilisation de matériel constitué de latex naturel, tels les gants de latex, lors de la manipulation des aliments en service de restauration. Il a été observé que ces matériaux peuvent laisser des protéines allergènes de latex dans les aliments préparés et provoquer des réactions allergiques chez les personnes qui y sont sensibles. Ces symptômes peuvent varier en intensité, allant de légers à sévères, pour une personne qui consommerait un aliment contaminé par une protéine de latex.
L’utilisation de gants de latex par les employés peut aussi augmenter l’incidence de sensibilisation chez ces derniers, pouvant mener à une allergie au latex. Lorsque l’utilisation de gants est nécessaire, Allergies Québec propose de favoriser des options synthétiques, comme le vinyle, le nitrile, ou le néoprène comme substitut.
Références
MAPAQ, Votre carnet d’information, Les allergies alimentaires, 2014, p.6.
Barnig, C. et De Blay, F. (2013). Physiopathologie du syndrome d’hypersensibilité chimique multiple. Revue des Maladies Respiratoires, 30:446-450.
Barnig, C. et De Blay, F. (2013). Physiopathologie du syndrome d’hypersensibilité chimique multiple. Revue des Maladies Respiratoires, 30:446-450.
Santé Canada, https://www.inspection.gc.ca/aliments/information-pour-les-consommateurs/fiches-de-renseignements-et-infographies/allergenes/syndrome-d-allergie-orale/fra/1332351950134/1332352076501, consulté le 16 juin 2019.
Sussman G., Sussman A. et Sussman D. Le syndrome de l’allergie orale. JAMC, mars-avril 2011.
Yagami T. Allergies to cross-reactive plan proteins. Int Arch Allergy Immunol, 2002, 128:271-79.