Quand la famille ne comprend pas vos allergies
À l’approche des fêtes de Pâques, comment tirer parti des festivités lorsque vos proches ne comprennent pas le sérieux de vos allergies?
Nous sommes dimanche de Pâques. Dans quelques heures, vous serez reçu par vos parents pour le traditionnel brunch familial. Au menu : jambon, œufs dans le sirop, pommes de terre rôties, sirop d’érable, dessert… et chocolat! Malgré les allergies aux arachides de votre petit dernier, vous êtes confiant, car vous savez que vos parents prennent toutes les mesures nécessaires pour éviter la contamination avec cet allergène.
Or, à votre arrivée, vous constatez que votre sœur, qui s’occupait du dessert, n’a pas porté attention à la liste des ingrédients. « Voyons, il n’y a pas d’arachides dans un gâteau au chocolat! », vous répond-elle. En effet, mais qu’en est-il d’une possible contamination?
Cette situation, trop souvent familière, contribue à tout coup à hausser le niveau de stress des personnes allergiques ou de leurs parents.
Quand le déni, la confusion et la méconnaissance persistent
On reconnaît de plus en plus le risque potentiel de l’allergie alimentaire pour la santé. En effet, la population est mieux informée qu’auparavant sur le sujet. De plus en plus d’endroits publics offrent des options sécuritaires aux personnes allergiques. Nous sommes maintenant en mesure de déterminer si un aliment préfabriqué contient, ou peut contenir, un allergène. Bref, on s’ouvre peu à peu à la réalité des allergies alimentaires*.
Même si les mentalités évoluent, le déni, la confusion et la méconnaissance au sujet des allergies alimentaires persistent dans la société, parfois même au sein de notre propre famille. Voici quelques astuces pour sensibiliser vos proches et ainsi limiter le risque de réaction lors des prochaines fêtes de Pâques.
Cultiver certaines habitudes sociales
- Parlez ouvertement et directement des allergies, autant pour donner le signal à votre entourage qu’il est normal d’en parler que pour éduquer vos proches et faire connaître vos besoins.
- Restez calme et évitez de prendre les commentaires maladroits personnellement.
- Acceptez qu’il faille éduquer son entourage sur les allergies alimentaires.
- N’oubliez pas que la plupart des gens sont ouverts et soutenants.
- Et surtout, plutôt que s’exclure d’emblée d’une activité, trouvez des moyens d’y participer en procédant à des ajustements qui rendront l’expérience plus agréable et sécuritaire.
Opter pour des activités non alimentaires?
Si la gestion des allergies alimentaires s’avère un problème lors des rassemblements familiaux, pourquoi ne pas réinventer les traditions en misant sur les activités plutôt que la nourriture et les gâteries alimentaires?
- Profitez du temps plus doux pour planifier une marche au grand air avec votre famille;
- Organisez une chasse aux « œufs » dans lesquels vous déposerez des gâteries non alimentaires qui feront le bonheur des tout-petits;
- Planifiez une séance de bricolage avec les enfants, au cours de laquelle vous décorerez des œufs en céramique, s’il est question d’allergie aux œufs.
Planifier les festivités
Si vous êtes reçu pour le repas
- Renseignez l’hôte sur vos allergies alimentaires ou celles de vos enfants, et assurez-vous qu’il comprenne les risques qui découlent d’une part de la présence d’allergènes dans les repas et, d’autre part, de la contamination croisée;
- Discutez de solutions possibles afin que vous et votre hôte soyez à l’aise.
- Cuisiner ensemble?
- Apporter un plat ou votre repas au complet?
- Simplement s’infomer sur le menu et vérifier la liste des ingrédients utilisés?
- En cas de doute, apportez le repas de la personne allergique.
Si vous optez pour un repas à la cabane à sucre
- Contactez au préalable l’établissement pour connaître les mesures en place en matière d’allergies alimentaires. De plus en plus de cabanes à sucre offrent des menus exempts de certains allergènes et peuvent donc accommoder les personnes allergiques. Pour la liste des cabanes à sucre en activité au Québec, visitez le site La route des sucres.
Soyez toujours prêt à réagir
- Ayez toujours sur vous votre médication d’urgence et assurez-vous de savoir reconnaître les signes et les symptômes d’une réaction anaphylactique. Prenez également le temps d’en informer vos proches afin qu’ils puissent réagir en cas de besoin.
À lire aussi :
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Dans tous les cas, rappelez-vous que c’est en discutant avec vos proches que vous les conscientiserez à votre réalité. N’hésitez donc pas à prendre la parole et à les informer.
[1] Harringyon, D. W. (2011). Newly emerging environmental health risks in post-modern risk society: A case study of the public perception of food allergies. Thèse de doctorat, McMaster University.
[2] Gupta, R. et coll. (2009). Food allergy knowledge, attitudes, and beliefs in the United States. Annals of Allergy, Asthma & Immunology, 103:1(43-50). DOI : 10.1016/S1081-1206(10)60142-1
Daniel W. Harrington, un doctorant en psychologie de l’Université McMaster en Ontario, a mis en lumière en 2011 l’émergence de la perception du risque associé aux allergies alimentaires chez les Canadiens. En se basant sur les résultats d’un sondage téléphonique pancanadien, l’étudiant a montré que l’allergie alimentaire et l’anaphylaxie étaient considérées comme des risques sérieux pour la santé par 69,6 % et 60,1 % des répondants, respectivement[1]. Ces risques arrivaient au septième rang après, entre autres, l’obésité, la cigarette, le stress et la pollution chimique.
Pourtant, malgré le fait que l’on considère maintenant l’allergie alimentaire comme un risque sérieux pour la santé, la confusion persiste à plusieurs égards. C’est du moins ce qu’a conclu une équipe de chercheurs après avoir interrogé plus de 2 000 individus à travers les États-Unis[2].
L’étude, publiée en 2009, a notamment montré que 80,3 % des répondants au sondage possédaient les connaissances nécessaires pour reconnaître les symptômes et la sévérité d’une allergie alimentaire. Pourtant, la moitié (49,4 %) croyaient toujours que l’allergie au lait et l’intolérance au lactose étaient synonymes.
En outre, la plupart des répondants affirmaient être en faveur de la mise en place, dans les milieux scolaires, de meilleures politiques en matière de gestion des allergies alimentaires. Pourtant, lorsqu’on ciblait plus spécifiquement les parents dont les enfants n’avaient pas d’allergies, on observait une certaine réticence à l’idée de se soumettre à de telles politiques.