Vivre avec ses petits-enfants allergiques lorsqu’on est végétarienne, un témoignage

Lise Côté est végétarienne. Elle cohabite avec sa fille et ses quatre petits-enfants, dont deux ont des allergies alimentaires. Rencontre.

Allergies Québec — Madame Côté, pourriez-vous nous décrire votre famille ?

Je suis la grand-maman de quatre petits-enfants, les enfants de ma fille. Nous sommes toutes les deux copropriétaires d’une maison intergénérationnelle. Nous avons chacun nos quartiers, chacun notre adresse, mais il y a une porte communicante dans la maison, entre les deux logements. Les enfants viennent donc cogner et entrent chez mamie régulièrement.

Deux de mes petits-enfants ont des allergies alimentaires. La plus petite de deux ans et demi est allergique au sésame et aux arachides. Le plus vieux, de dix ans, est allergique aux noix, aux arachides et à la noix de coco.

Allergies Québec — Avant d’apprendre les allergies alimentaires de vos petits-enfants, étiez-vous familière avec la réalité des allergies alimentaires ?

Lise Côté — Ma fille était technicienne en diététique avant de devenir mère. Elle travaillait avec les enfants ayant des allergies alimentaires dans les garderies. Pour elle, c’était une réalité connue.

Pour moi, c’était différent. Je me souviens quand nous sommes allés faire les tests d’allergie de mon petit-fils alors qu’il avait deux ans. C’est à ce moment que nous avons appris qu’il avait une allergie aux arachides. À ce moment, j’ai eu l’impression que j’apprenais qu’il avait le cancer. J’ai été très bouleversée. Dans la voiture, sur le chemin du retour, ma fille m’a parlé et a essayé de relativiser la situation. Mais j’ai tout de suite entrevu les inquiétudes lorsqu’il serait plus grand, qu’il irait chez des amis. Je voyais ça vraiment gros.

Allergies Québec —Vous êtes végétarienne. Dans ce contexte, les noix et les végétaux constituent la base de votre alimentation. Comment relevez-vous le défi de la sécurité de vos petits-enfants allergiques ?

Lise Côté – Le défi va au-delà des aliments que j’ai dans ma maison. Mon premier défi est de faire attention dans les contacts que j’ai avec mes tout-petits. Je les côtoie au quotidien, je peux les voir quand je veux, je vais les reconduire à l’école, je les embrasse. Et parfois, je viens de manger des aliments à base de noix. Je dois donc faire attention. Je nettoie mes mains régulièrement et, si je viens de manger des aliments contenant leurs allergènes, je lave ma bouche avec un peu de savon avant de les embrasser. Je m’assure aussi de ne rien avoir sous les ongles. Ça m’inquiète d’être un danger pour mes tout-petits.

Mon deuxième défi est celui de la contamination croisée. J’ai un Vitamix® avec lequel je me fais des smoothies qui peuvent contenir des noix. Parfois, je prépare aussi des smoothies sans noix que les petits peuvent manger. Lorsque ça arrive, je nettoie deux fois le Vitamix®, je le fais tremper afin de m’assurer d’éliminer toute trace de noix, parce que j’ai peur qu’il reste des résidus, j’ai peur d’une éventuelle contamination croisée. C’est vraiment la prudence tout le temps.

Mes petits-enfants sont habitués au fait que je sois végétarienne. Et il y a beaucoup de recettes que je leur fais manger qui sont sécuritaires pour eux, des recettes sans noix, sans sésame et sans arachides.

 Allergies Québec — Les allergies alimentaires de vos petits-enfants ont-elles remis en question votre alimentation végétarienne à un moment ou à un autre de votre vie ?

Lise Côté – J’y ai pensé. Il y a huit ans, lorsque j’ai appris que mon petit-fils était allergique aux arachides, j’ai annoncé à ma fille que je changerais mon alimentation. Mais elle m’en a empêché. Elle m’a rassurée en me disant que j’avais le droit de continuer de manger ce que je voulais. Elle était confiante, elle savait que je prendrais les précautions nécessaires pour assurer la sécurité de mon petit-fils. Par contre, il n’y a plus jamais eu de beurre d’arachide chez moi. Je ne laisse pas non plus traîner de nourriture chez moi ni d’ustensiles ou d’assiettes sur le comptoir, parce que je me dis que ma petite-fille de deux ans et demi pourrait y toucher.

 Allergies Québec — Diriez-vous que le végétarisme constitue un défi supplémentaire lorsqu’il est question d’allergies alimentaires ?

Lise Côté — Oui, parce que ce qui rend mes petits-enfants malades est aussi la base de mon alimentation. Je dois donc toujours redoubler de prudence.

Allergies Québec – Comment les réunions familiales se passent-elles chez vous ?

Lise Côté – Dans la grande famille élargie, les allergies alimentaires de mes petits-enfants sont souvent problématiques. Même si l’on demande toujours que les plats soient clairement identifiés et que ceux qui contiennent des noix ne soient pas placés en bordure de la table, on dirait qu’il y a tout de même une certaine nonchalance. Quand on va ailleurs, ma fille apporte toujours les desserts et des collations pour les enfants allergiques. Elle s’assure que, s’il n’y a rien de sécuritaire au menu, les enfants puissent tout de même manger.

Lorsque l’on prépare un repas entre nous, c’est différent. Que ce soit à l’occasion de Noël ou au quotidien, il arrive que l’on partage certains repas ensemble. Nous avons alors une règle : tout le monde mange la même chose et les repas ne contiennent aucun des allergènes alimentaires de mes petits-enfants. Il n’y aura donc jamais d’arachides, de noix ou de sésame dans une recette. Ce serait trop facile de se tromper !