Réactions peu communes à certains aliments : le témoignage de Jacques Pelletier
Un de nos fidèles abonnés nous a fait part de sa situation alimentaire unique. Trouvera-t-elle un écho parmi vous ?
On tend parfois à banaliser la réalité des allergies et des intolérances alimentaires, surtout lorsqu’elles sont peu communes. Elles sont pourtant bel et bien réelles et peuvent grandement gêner le quotidien d’une personne et affecter sa qualité de vie. Jacques Pelletier en sait quelque chose, lui qui est incapable de manger des légumes cuits sans présenter de symptômes importants, mais qui les tolère en petites portions quand ils sont crus. Nous trouvons important de présenter le témoignage de M. Pelletier même s’il n’a pas reçu de diagnostic. En effet, il n’est pas rare de vivre avec une condition médicale sans savoir et comprendre de quoi il s’agit. Si c’est votre cas, nous espérons que ce témoignage fera en sorte que vous vous sentiez moins seul. Voici l’histoire de Jacques Pelletier.
Allergies Québec – Parlez-nous un peu de votre situation et de vos problèmes alimentaires.
Jacques Pelletier – Depuis que je suis très jeune, j’évite de consommer plusieurs aliments. Ceux avec lesquels j’ai le plus de difficultés sont les légumes cuits, surtout quand j’en mange beaucoup. Je les tolère plus facilement lorsqu’ils sont crus. Je peux par exemple intégrer de la laitue, des carottes et du céleri crus sans problème à mes repas. Je peux aussi ajouter un peu de concombre et de radis au menu, mais pas trop. Les tomates et les betteraves sont les légumes qui me causent le plus d’ennuis. Les épices, les assaisonnements et les sauces sont également problématiques, surtout en grande quantité.
Encadré – La cuisson et le potentiel allergène des aliments
Pour qu’une réaction allergique se produise, les anticorps de type IgE doivent reconnaître spécifiquement la structure unique des protéines allergènes contenues dans les aliments ingérés. Or, on sait que la transformation des aliments peut modifier un peu ou beaucoup – mais parfois pas du tout – la structure de ces protéines. C’est le cas notamment de la cuisson par la chaleur, qui peut altérer la structure de certaines protéines et donc leur allergénicité, c’est-à-dire leur potentiel allergène.
Dans la littérature scientifique, on rapporte surtout des cas où la chaleur atténue l’allergénicité d’un aliment. Par exemple, certaines personnes allergiques au lait ou aux œufs pourraient tolérer une petite quantité de l’allergène une fois cuit. Même chose pour les personnes qui vivent avec le syndrome pollen-aliment et qui présentent des réactions localisées au niveau de la bouche lorsqu’ils mangent certains aliments crus alors qu’ils peuvent les consommer sans problème lorsqu’ils sont cuits.
La situation de Jacques Pelletier, qui réagit plus fortement aux aliments cuits que crus, serait-elle unique ?
Allergies Québec – Quels sont les symptômes qui vous incommodent lorsque vous mangez ces aliments ?
Jacques Pelletier – J’ai surtout des symptômes gastro-intestinaux comme des nausées, des vomissements et des diarrhées. J’ai aussi parfois des manifestations cognitives, par exemple une grande confusion et des étourdissements.
Les symptômes gastro-intestinaux apparaissent assez rapidement, soit dans les minutes qui suivent l’ingestion des aliments problématiques. Les réactions peuvent durer plusieurs jours.
Allergies Québec – Quels aliments êtes-vous en mesure de manger sans problème ?
Jacques Pelletier – On m’a souvent dit qu’il était plus facile de mémoriser le nom des légumes que je mange que celui des légumes qui provoquent chez moi des symptômes. Et c’est la réalité ! Je mange avec goût des pommes de terre et du maïs. Ce sont les deux seuls légumes que je peux me permettre de consommer cuits, sans restriction.
Pour ce qui est des autres aliments, je mange de la viande et toutes sortes de poissons sans problème, à l’exception du flétan qui m’occasionne des symptômes lorsque je le consomme en grande quantité. Les produits laitiers ne me causent pas d’inconvénients, mais je n’en mange pas par goût personnel. Je peux aussi consommer des fruits, qu’ils soient crus ou cuits.
Je n’ai pas d’auto-injecteur d’épinéphrine en ma possession. Je n’en ai d’ailleurs jamais eu besoin, puisque mes symptômes ne mettent pas ma vie en danger, même s’ils sont très désagréables et qu’ils persistent parfois pendant plusieurs jours.
Allergies Québec – Avez-vous déjà consulté un médecin ou un allergologue pour vos problèmes alimentaires ?
Jacques Pelletier – Je n’ai pas consulté de médecin ni de spécialiste pour obtenir un diagnostic. J’ai cependant rencontré une nutritionniste pour m’assurer que mon alimentation était équilibrée. Puisque je ne consomme pratiquement pas de légumes, j’étais inquiet de développer des carences alimentaires. La nutritionniste m’a rassuré à ce sujet : malgré les nombreuses restrictions, mon alimentation est en général équilibrée.
J’ai aussi discuté de ma situation avec une infirmière du 8-1-1, mais elle n’était pas en mesure de me donner des réponses claires. Cela étant dit, je crois bien souffrir d’intolérances alimentaires, bien qu’elles n’aient jamais été officiellement diagnostiquées. Pourtant, même s’il ne s’agit peut-être pas d’une allergie, mes intolérances provoquent des symptômes assez sévères et très désagréables.
Allergies Québec – Vos restrictions alimentaires ont-elles des répercussions sur votre quotidien, sur votre qualité de vie ?
Jacques Pelletier – Non, mes restrictions alimentaires n’ont jamais vraiment affecté mon quotidien de manière négative. Et j’en suis très chanceux. Tout s’est aussi bien passé quand je suis parti de la maison à l’âge adulte. J’ai travaillé pendant plusieurs années à l’extérieur de la maison, où j’étais en pension. J’ai alors habité à quatre endroits différents où l’on me servait les repas. Je n’ai jamais eu de problème. Chaque fois, j’ai été très bien considéré par rapport à mes restrictions alimentaires, les gens étant très respectueux et compréhensifs.
Le seul moment où j’ai eu l’impression qu’on prenait à la légère mes restrictions alimentaires était dans mon ancienne résidence pour aînés. Quand j’avais un doute sur le contenu du repas, je posais des questions, mais les réponses n’étaient jamais claires. Je demandais alors qu’on me donne un autre menu. À cet endroit, j’avais le sentiment que l’on portait une attention particulière aux allergies alimentaires, mais que l’on minimisait les conséquences des intolérances.
Au fil du temps, Jacques Pelletier a fait beaucoup de recherches sur sa situation, mais n’a trouvé que très peu de réponses à ses questions. Souffre-t-il d’allergies ou d’intolérances alimentaires ? Se pourrait-il que son système s’accommode d’une infime quantité d’ingrédients dans lesquels il irait puiser ce dont il a besoin ? Et pourquoi peut-il manger des légumes crus sans problème et qu’il réagit à la consommation de légumes cuits ? Décidément, le corps humain n’a pas encore révélé tous ses secrets !
Vous reconnaissez-vous dans l’histoire de monsieur Pelletier ?
Avez-vous, vous aussi, des restrictions alimentaires particulières ou peu communes ?
Nous sommes curieux de connaître votre histoire !