Allergie ou intolérance alimentaire?

On confond souvent allergie et intolérance alimentaire. Dans certains cas, la distinction est facile à faire alors que dans d’autres, la ligne est plus difficile à tracer.

En fait, on regroupe sous l’expression « réaction alimentaire » les effets indésirables découlant de l’ingestion d’un aliment. Mais bien qu’une personne sur quatre rapporte avoir réagi à un ou plusieurs aliments à un moment ou à un autre de sa vie[1], cela ne signifie pas pour autant que le quart de la population vive avec des allergies alimentaires.

En réalité, on peut diviser les réactions alimentaires en deux grandes catégories, soit les allergies et les intolérances (voir figure 1).

Voyons maintenant ce qui les caractérise.
Figure 1 : Classification des réactions alimentaires[2]

L’allergie alimentaire

Elle se caractérise par une réponse anormale du système immunitaire à un aliment. Le plus souvent, l’allergie alimentaire est dite « médiée par les IgE ». Cela signifie que ce sont les anticorps de type IgE qui, lorsqu’ils entrent en contact avec un allergène spécifique, provoquent la libération massive de médiateurs chimiques tels que l’histamine[2]. Ces derniers sont responsables de l’apparition des symptômes associés à l’allergie.

Selon l’individu et l’allergène en cause (mais également d’une réaction à l’autre), la sévérité de l’allergie peut varier. Ainsi, bien que la réaction allergique soit susceptible de se manifester par des symptômes relativement bénins comme des nausées ou de l’urticaire, elle peut aussi évoluer plus sévèrement et entraîner des difficultés respiratoires, une chute de la pression artérielle et l’anaphylaxie.

On estime que jusqu’à 4 % des Québécois vivent avec des allergies alimentaires, ce qui est loin d’être négligeable[4]. Bien qu’une multitude d’aliments aient été identifiés comme étant allergènes, le lait, les œufs, les arachides, les noix, le soya, le blé, les poissons, les fruits de mer, la moutarde et les sulfites sont responsables à eux seuls de 90 % des cas d’allergies alimentaires[5].

L’intolérance alimentaire

De son côté, l’intolérance à un aliment réfère à une réponse physiologique qui n’implique pas l’activation du système immunitaire. Le plus souvent, l’intolérance apparaît lorsque l’organisme est incapable de métaboliser (digérer) un aliment ou l’un de ses composants. C’est le cas notamment de l’intolérance au lactose, qui s’observe lorsqu’un individu ne produit pas suffisamment (ou pas du tout) de lactase, l’enzyme permettant de digérer le lactose.

Contrairement à l’allergie qui est déclenchée par une protéine alimentaire, tous les aliments et leurs composants ont le potentiel de provoquer une intolérance chez un individu donné. C’est pourquoi on peut être intolérant à des composants aussi divers qu’un sucre (ex. : le lactose et le fructose), un additif alimentaire (ex. : les colorants) ou encore un composé pharmacologiquement actif (ex. : la caféine et l’histamine).

Bien que l’intolérance alimentaire prenne généralement place au niveau du système digestif, les symptômes qui y sont associés ne se limitent pas toujours à des douleurs abdominales, des flatulences, des nausées ou de la diarrhée. En fait, des manifestations aussi peu spécifiques que la fatigue, l’irritabilité, un mal de tête et une éruption cutanée[5] peuvent apparaître, ce qui rend d’autant plus difficile l’établissement du diagnostic. Pour cette raison, il est particulièrement complexe de déterminer la proportion de la population vivant avec une intolérance alimentaire.

Comment différencier allergie et intolérance alimentaire?

C’est ici que tout se complique. Malheureusement, il est très difficile de tracer une ligne franche entre l’allergie et l’intolérance à un aliment avant d’avoir obtenu un diagnostic clair d’un professionnel de la santé. Il y a cependant certains signes qui peuvent diriger le médecin lors du diagnostic, particulièrement dans le cas de l’allergie.

Si vous croyez présenter une intolérance ou une allergie alimentaire, le mieux est de consulter votre médecin. En effet, en plus de ces deux conditions, il existe d’autres sensibilités alimentaires à considérer avant de poser un diagnostic. S’il s’agit d’une allergie, il n’y a pas de risque à prendre et un diagnostic doit être posé par un allergologue afin de déterminer le plan de traitement approprié. S’il s’agit d’une intolérance, le suivi par un allergologue vous permettra d’adapter votre mode de vie et votre alimentation afin de limiter les symptômes. Dans tous les cas, un avis médical recommandé !

Par Katia Vermette, rédactrice

[1] Chapman J. A. et coll. Food allergy: a practice parameter. Annals of allergy, asthma and immunology, mars 2006 (96):68p.
[2] Figure 1, adapté de : Cianferoni A et coll. Food Allergy: Review, Classification and Diagnosis. Allergoloogy International, 2009, 58(4): 457-66.
[3] Goldsby R et coll. Immunologie : le cours de Janis Kuby avec questions de révision. Les éditions Dunod, New York, 2000. 660 p.
[4] Dufresne C. Vivre avec les allergies alimentaires. Les éditions la presse, Montréal, 2009, 253p.
[5] Food Allergy Research and Education (FARE). Food Allergy Facts and Statistics for the U.S. http://www.foodallergy.org/facts-and-stats? (consulté le 7 avril 2015).
[6] Centre d’Allergie Suisse. Intolérances alimentaires. http://www.aha.ch/centre-allergie-suisse/info-allergies/allergies/intolerances-alimentaires/intolera… (consulté le 7 avril 2015).