Passage du primaire au secondaire avec des allergies alimentaires
Plusieurs élèves allergiques feront leur entrée au secondaire cet automne. Dominica, 15 ans, nous raconte son parcours.
Le passage du primaire au secondaire se veut une grande étape parsemée d’inconnus, particulièrement pour les jeunes allergiques. Allergies Québec est allé à la rencontre de Dominica Geneau, une adolescente de 15 ans qui entamera à l’automne sa quatrième année au secondaire. Elle nous raconte comment elle a vécu la transition primaire-secondaire avec ses allergies alimentaires.
Une transition vers le secondaire tout en douceur
Dominica vit avec des allergies alimentaires depuis qu’elle est toute petite. Elle est allergique aux arachides et aux noix, aliments pour lesquels elle porte en tout temps sur elle un auto-injecteur d’épinéphrine. Elle est également intolérante aux poissons.
Pour l’adolescente, le passage du primaire vers le secondaire s’est bien déroulé en ce qui concerne la gestion de ses allergies alimentaires. Il faut dire qu’elle et sa famille s’y préparaient depuis quelques années.
Déjà, au primaire, Dominica avait appris à identifier ses allergènes sur l’emballage des aliments qu’on lui offrait. Elle avait aussi pris l’habitude, dès la quatrième année du primaire, de porter en tout temps sur elle son auto-injecteur. Elle en conservait également un dans son sac et en laissait un autre au secrétariat de l’école.
Ainsi, Dominica ne ressentait pas de stress particulier face à sa rentrée au secondaire, d’autant plus qu’elle était entourée d’amis qui connaissaient bien ses allergies alimentaires et qui la soutenaient au quotidien. C’est donc en douceur et en confiance que l’adolescente a franchi les portes de l’école secondaire.
Vers une plus grande autonomie du jeune allergique
Au Québec, la gestion des allergies alimentaires varie d’une école à l’autre. Plus précisément, il revient à chaque centre de services scolaire d’élaborer les protocoles visant à prévenir les réactions allergiques et à intervenir en cas d’urgence. La direction de chaque école applique ensuite ces protocoles en fonction de sa réalité spécifique. Les règles entourant la gestion des allergies alimentaires peuvent ainsi différer d’un établissement à l’autre, d’une région à l’autre, ou encore entre le primaire et le secondaire.
À l’école primaire que fréquentait Dominica, par exemple, les élèves ne pouvaient pas amener d’aliments contenant des noix ou des arachides dans leur boîte à lunch. Ces aliments peuvent cependant être consommés à son école secondaire et aucune règle n’encadre leur consommation dans l’établissement scolaire. L’adolescente a donc dû trouver des moyens pour limiter le risque de réaction. Elle a aussi pu compter sur le soutien de ses amis. « Quand ils apportent des collations à l’école, ils vérifient toujours la liste des ingrédients avant de les manger pour s’assurer que c’est sécuritaire pour moi, précise Dominica. Et s’ils mangent des aliments qui contiennent des noix et des arachides, ils se lavent les mains après. »
À l’école secondaire, la vérification des allergies alimentaires auprès des élèves n’est pas systématique. C’est du moins ce que constate Dominica depuis trois ans. Elle se rappelle par exemple certains dîners organisés par les enseignants pour récompenser les élèves, sans vérifier si certains élèves avaient des allergies ni aviser les parents au préalable. Ou encore les laboratoires de sciences qu’elle a dû effectuer avec des aliments, bien que le professeur n’ait pas été en mesure de confirmer l’absence de noix ou d’arachides dans les ingrédients. « C’était stressant, explique la jeune femme, parce que je devais faire très attention à ce que je faisais pour ne pas porter mes mains à mon visage. »
Ainsi, Dominica doit plus que jamais faire preuve d’autonomie dans la gestion de ses allergies : elle doit s’assurer d’informer elle-même les autres de ses allergies et prendre les mesures nécessaires pour limiter le risque de réaction.
Pour une rentrée au secondaire en toute sécurité, assure-toi :
- De porter en tout temps sur toi ton auto-injecteur d’épinéphrine. Tu seras ainsi prêt à réagir en cas de besoin. Si possible, laisses-en un aussi dans ton sac et un autre au secrétariat de l’école (ou dans un local facilement accessible et connu de tous).
- D’informer tes amis et tes enseignants de tes allergies dès le début de l’année. Explique-leur ce qui pourrait se passer si tu mangeais un aliment contenant tes allergènes et rappelle-leur les gestes qui assureront ta sécurité (p. ex., se laver les mains après avoir mangé). Rappelle-leur aussi que tu dois parfois apporter ta propre nourriture, car tu ne peux pas accepter les aliments qui te sont offerts.
- De montrer à tes amis quand et comment on doit utiliser l’auto-injecteur d’épinéphrine. Tes amis seront ainsi rassurés de savoir qu’ils peuvent intervenir en cas d’urgence.
- De dire non à une récompense alimentaire ou de proposer une option qui est sécuritaire pour toi. Ce pourrait être, par exemple, d’apporter ton lunch lors d’un dîner de groupe.
Sensibilisation aux allergies alimentaires : un défi de tous les instants
Selon Édith, la mère de Dominica, « le parcours scolaire des élèves allergiques est parsemé d’embûches parce que les gens ne connaissent pas bien les allergies ». Elle souligne par exemple le fait que plusieurs personnes, incluant des élèves et des membres du personnel scolaire, confondent encore les noix et les arachides. Pour certains d’entre eux, le pictogramme « sans arachides » signifie que l’aliment est exempt non seulement d’arachides, mais aussi de toutes les noix. Comme quoi les allergies alimentaires demeurent méconnues pour plusieurs personnes.
Il reste donc beaucoup de chemin à faire pour sensibiliser les milieux scolaires et la population à la réalité des élèves allergiques. En ce sens, Dominica avait un conseil à donner aux adolescents allergiques qui feront leur entrée à l’école secondaire : « Soyez très vigilants ! N’ayez pas peur de dire aux autres que vous avez des allergies alimentaires et de leur expliquer à quoi sert votre auto-injecteur d’épinéphrine ». Plus les gens seront sensibilisés et informés quant aux allergies alimentaires, plus les personnes allergiques se sentiront en sécurité, à l’école comme ailleurs !
Bonne rentrée à tous !
Par Katia Vermette
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