Produits de substitution au lait de vache chez l’enfant allergique : comment s’y retrouver ?
Sur les tablettes des supermarchés, les aliments visant à remplacer le lait de vache se multiplient depuis quelques années. Ces breuvages, souvent à base de plantes, montrent cependant des valeurs nutritives parfois très différentes. Même chose pour les préparations commerciales pour nourrisson, de plus en plus nombreuses. Dans ce contexte, comment choisir un produit sécuritaire qui permettra de combler les besoins nutritionnels du tout-petit allergique au lait ?
Un guide pour soutenir les parents dans le choix d’un substitut au lait de vache
L’allergie au lait se veut l’une des allergies les plus communes pendant l’enfance. Même si la majorité des petits allergiques développeront avec le temps une tolérance à l’allergène – plus de 90 % d’entre eux perdront leur allergie avant l’âge de 6 ans –, plusieurs devront composer avec la réalité d’une allergie alimentaire à long terme. Une équipe de chercheurs canadiens a récemment publié dans le Paediatrics & Child Health un guide pour soutenir les parents et les professionnels de la santé dans le choix d’un substitut au lait pour les jeunes enfants [1].
En présence ou non d’une allergie, la Société canadienne de pédiatrie recommande l’allaitement exclusif du nourrisson pendant les six premiers mois de vie et la poursuite de l’allaitement jusqu’à l’âge de deux ans ou même plus [2, 3]. Le parent peut aussi recourir à une préparation commerciale si l’allaitement, exclusif ou non, n’est pas possible ou souhaité. Avant l’âge de deux ans, la base de l’alimentation du tout-petit demeure le lait maternel, d’une préparation commerciale ou d’un mélange des deux pour combler ses besoins nutritionnels en protéines, en vitamines et en minéraux.
Avant 2 ans : combler les besoins nutritionnels du tout-petit
Chez le nourrisson ayant reçu un diagnostic d’allergie au lait de vache, une diète d’élimination s’impose. Deux principes s’appliquent alors : le lait choisi doit non seulement combler les besoins nutritionnels du petit, mais aussi ne contenir aucune protéine de lait.
Dans le cas d’un bébé allaité, il se peut que la mère doive éliminer tout aliment contenant du lait de son alimentation, et ce, jusqu’à l’interruption de l’allaitement. Il est à noter que des protéines de lait peuvent être détectées dans le lait maternel plusieurs jours après l’arrêt de la consommation de produits laitiers [4]. Pour savoir si vous devez éliminer toute trace de lait de votre diète si vous allaitez un bébé allergique, consultez votre médecin ou votre allergologue.
Dans le cas d’un nourrisson dont la diète repose en partie ou entièrement sur une préparation commerciale, la première option consiste à la remplacer par une préparation fortement hydrolysée. Le recours à ce type de lait permettra une résolution des symptômes d’allergies chez plus de 90 % des tout-petits allergiques au lait. En cas d’échec, une préparation à base d’acides aminés pourra être considérée.
Des préparations commerciales à base de soya, également disponibles au Canada, pourraient être envisagées chez les nouveau-nés qui, pour des raisons médicales, culturelles ou religieuses, ne peuvent consommer de laits fortement hydrolysés ou à base d’acides aminés.
Avant l’âge de deux ans, les laits à base de plante (p. ex., lait d’amande, de soya, de pois, etc.) ne devraient pas être offerts en remplacement du lait maternel ou d’une préparation commerciale, en raison de leur plus faible valeur nutritionnelle. Même chose pour les autres laits de mammifères (p. ex., chèvre, bison, etc.), dont la structure des protéines se rapproche de celles du lait de vache, ce qui pourrait provoquer une réaction chez le nourrisson allergique.
Après 2 ans : miser sur une diète équilibrée, même sans produits laitiers
Chez les enfants de plus de deux ans, les produits laitiers constituent une source importante de protéines, de calcium et de vitamine D. En présence d’une allergie au lait de vache, le lait peut être remplacé par un lait à base de plantes. Or, tous ne sont pas équivalents.
Le lait de soya est le substitut qui ressemble le plus au lait de vache sur le plan nutritionnel. D’autres, comme le lait de riz ou d’amande, contiennent huit fois moins de protéines que le lait de vache, mais presque autant de calcium ou de vitamine D. D’autres encore, comme le lait de pois, offrent la même quantité de protéines que le lait, mais sont exempts de calcium et de vitamine D. Le tableau 1 compare les propriétés nutritionnelles de différents breuvages à base de plante par rapport au lait de vache.
Tableau 1 : Options de substitution au lait de vache et comparaison des valeurs nutritionnelles
Type de | Calories | Protéines (g) | Matière grasse (g) | Calcium (g) | Vitamine D (g) |
Lait de vache 3,25 % | 157 | 8 | 8 | 291 | 103 |
Lait de pois | 70 | 8 | 5 | 0 | 0 |
Lait de soya | 85 | 7 | 4 | 319 | 87 |
Lait d’avoine | 130 | 4 | 5 | 300 | 80 |
Lait de riz | 122 | 1 | 3 | 319 | 87 |
Lait d’amande | 96 | 1 | 3 | 312 | 85 |
Lait de macadamia | 40 | 1 | 4 | 300 | 80 |
Lait de cajou | 31 | 0,5 | 3 | 233 | 81 |
Lait de coco | 49 | 0,2 | 5 | 233 | 76 |
D’après Williams et coll. (2023).
Note : les laits à base de plantes ne sont pas tous enrichis de calcium et de vitamine D. Assurez-vous de bien lire les étiquettes.
Avant de choisir un produit de remplacement pour votre enfant de deux ans ou plus allergique au lait de vache, une analyse de son alimentation s’impose. Dans ce contexte, une consultation avec une nutritionniste vous aidera à identifier les besoins nutritionnels de votre petit et les meilleurs substituts pour lui, selon sa situation.
[1] Williams, B. A., Erdle, S. C., Cochrane, K. M., Wingate, K. et Hildebrand, K. J. (2023). Paediatric progress: Huw should it change your practice – Cow’s milk alternatives for children with cow’s milk allergy and beyond. Paediatrice & Child Health, 28(3), 145-150. https://doi.org/10.1093/pch/pxac076
[2] Société canadienne de pédiatrie. (2022, 1er mars). Point de pratique – La nutrition du nourrisson né à terme et en santé, de la naissance à six mois : un aperçu. https://cps.ca/fr/documents/position/nutrition-nourrisson-ne-a-terme-en-sante-apercu
[3] Société canadienne de pédiatrie. (2023, 24 février). Point de pratique – La nutrition du nourrisson né à terme et en santé, de six à 24 mois : un aperçu. https://cps.ca/fr/documents/position/la-nutrition-du-nourrisson-ne-a-terme-et-en-sante-de-six-a-24-mois
[4] Matangkasombut, P., Padungpak, S., Thaloengsok, S., Kamchaisatian, W., Sasisakulporn, C., Jotikasthira, W., Benjaponpitak, S. et Manuyakorn, W. (2017). Detection of β-lactoglobulin in human breast-milk 7 days after cow milk ingestion. Paediatrics and international child health, 37(3), 199–203. https://doi.org/10.1080/20469047.2017.1289310
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