La frousse d’une maman voyageant seule avec son enfant poly-allergique

Et si ensemble nous allions plus loin?

Enfin, mercredi 10 décembre !

Les enfants et moi comptons les mois, les semaines et les derniers dodos avant de partir vers des cieux plus cléments, alors que la neige et le vent se lient pour nous compliquer la vie jusqu’au dernier moment.

Je me sens un peu coupable de me soustraire ainsi à mes obligations professionnelles en plus de toutes les autres qui remplissent ma vie ici. Cependant, les préparatifs m’occupent à un point tel que j’en arrive à mettre mes états d’âme de côté.

Ce n’est jamais simple de voyager seule (à l’aller dans ce cas-ci) avec deux enfants de trois et cinq ans, mais moins encore lorsque l’un d’eux est poly-allergique et asthmatique. Cette difficile réalité est plus lourde lorsque nous allons au restaurant ou dans des endroits publics, mais pire encore lorsque nous prenons l’avion. Ce combat contre les menaces de tout ordre en est un de tous les instants. Tout ce qu’il faut prévoir pour partir l’esprit en paix est inimaginable pour quiconque n’y est pas confronté.

Nous montons à bord et atteignons les places qu’on nous a assignées. Je pense à tous les gens qui ont déjà utilisé ces sièges et à ce qu’ils ont pu manger. Je sors immédiatement les lingettes désinfectantes que je garde toujours à proximité. Tout y passe, les ceintures, le hublot, les sièges en tissus, les tablettes, les appuie bras et même les écrans. Pendant que je vois à ne rien oublier, je remarque des yeux levés au ciel et quelques sourires parmi les passagers. Je me dis qu’ils me prennent sans doute pour une névrosée qui fait la guerre aux microbes.

Au moment où je crois en avoir fini avec chaque recoin qui peut signifier un drame pour ma fille, ma voisine arrière s’informe si l’un d’entre nous est allergique aux chats parce qu’elle en a un à ses pieds. Et c’est parti! Je pense au manque de circulation d’air en avion, à l’asthme de ma fille, à son rhume qui n’arrange rien et je lui annonce que je vais demander qu’on nous change de place.

L’agent de bord, à qui je fais la demande, me répond que le vol est plein. Quelques minutes plus tard, ma fille se plaint : « Maman, ça me pique au visage et les yeux aussi. » Elle a une éruption sur la joue et les yeux bouffis. Je me retiens pour ne pas quitter l’avion et m’éloigner des menaces que j’arrive à contrôler à la maison. Je retourne voir l’agent de bord et lui dis que je suis forcée de donner un antihistaminique à ma fille qui réagit à la présence du chat. Je m’assure de bien avoir sa pompe servant à atténuer ses crises d’asthme.

L’agent vérifie auprès de moi que j’ai bien en ma possession mon auto-injecteur d’adrénaline. Personne ne veut en arriver à ce moyen drastique. Elle continue et me dit « Nous allons décoller et on va arranger quelque chose après. » Je me demande qui ici peut vraiment prétendre être au fait des conséquences du déclanchement d’une crise d’allergie grave en vol. Je n’hésite pas une seconde et réponds un non catégorique en répliquant : « On arrange quelque chose maintenant ou je sors de l’avion avec mes enfants. »

Après quelques tentatives infructueuses de l’agent de bord pour convaincre trois personnes de changer de place, elle se déplace à l’avant de l’avion et fait une demande générale en ces termes : « Nous avons à bord une fillette allergique aux chats et nous en avons un à bord. La petite a déjà commencé à réagir. Nous avons besoin de trois volontaires qui sont prêts à changer de place, sinon l’avion ne décollera pas. »

Heureusement, des passagers se portent volontaires, mais je me pose la question.

Que faut-il faire pour éviter qu’une telle situation en arrive là?

  • La part des dirigeants serait de :Prendre conscience de leurs responsabilités face à de possibles réactions allergiques considérant que tout passager peut à n’importe quel moment réagir aux conditions de cet environnement.
  • Reconnaître et déterminer leur rôle face à ces situations dramatiques.
  • Prendre des moyens pour minimiser les risques de réactions allergiques.
  • Être prêts à intervenir cas par cas en toute connaissance de cause.

Chose certaine, cette responsabilité ne me revient pas à moi seule. Elle incombe à tous ceux et celles qui ouvrent leur porte à des gens qui vivent au quotidien avec cette épée de Damoclès au-dessus de leur tête. C’est une question de responsabilité publique qu’il nous revient à tous de partager.

Et si ensemble nous allions plus loin?