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Les repas sans allergènes en contexte hospitalier : Témoignage de Stéphanie Levasseur

hôpital repas sans allergènes

Stéphanie Levasseur est maman de quatre enfants. L’une d’elles, Mégane, vit avec plusieurs allergies alimentaires, en plus d’être asthmatique. L’an dernier, une crise d’asthme l’a amené à l’urgence pour y être soignée. La famille a cependant rencontré quelques défis pendant l’hospitalisation en raison des allergies de la jeune fille. Stéphanie a tenu à raconter son histoire pour faire avancer les choses et éviter que d’autres personnes allergiques se retrouvent dans la même situation.

 Une hospitalisation surprise

Mégane a 5 ans. Elle vit avec plusieurs allergies alimentaires et doit éviter toutes traces de lait, d’œuf, d’arachides, de noix, de sésame, de tournesol et de légumineuses. Le diagnostic est tombé un peu avant son premier anniversaire.

À l’âge de 3 ans, l’asthme s’est ajouté au portrait clinique de la fillette. C’est d’ailleurs ce qui l’a conduit à l’hôpital l’an dernier. La crise d’asthme était si sévère que le médecin a préféré la garder en observation.

Stéphanie Levasseur ne s’attendait pas à ce que sa fille soit hospitalisée. « On l’a amenée à sa chambre tard dans la journée, explique-t-elle. On venait de lui installer un soluté et elle était fâchée. Elle avait aussi très faim. » En effet, les quelques collations apportées par Stéphanie avaient trouvé preneur au cours des nombreuses heures passées à l’urgence.

À l’étage, la préposée a offert un cornet de crème glacée à Mégane pour apaiser sa faim. Puisque la crème glacée contient du lait, Stéphanie a immédiatement refusé la collation, expliquant à la dame que sa fille y était allergique. La famille s’est alors rabattue sur une compote de pomme, en attendant le souper.

Mais lorsque la préposée a amené le repas de Mégane, le doute a envahi Stéphanie. « Le cabaret ressemblait à n’importe quel autre cabaret, se rappelle-t-elle. Il ne présentait aucune distinction visuelle ou note avertissant le personnel des allergies alimentaires de ma fille. »

Dans le cabaret se trouvaient une compote de pomme, une tranche de pain sans beurre, une assiette au contenu non identifié de même qu’un muffin et des ustensiles sans emballage. Stéphanie a alors voulu s’assurer que la nourriture était sécuritaire pour Mégane. Les réponses qu’elle a obtenues ne l’ont cependant pas convaincue de l’absence d’allergènes dans le repas…

Des failles dans la gestion des allergies alimentaires

Après avoir questionné sans succès la préposée au sujet du repas offert à sa fille, Stéphanie est remontée aux sources en contactant le service alimentaire. Encore une fois, les réponses étaient loin d’être claires. « On m’a d’abord demandé s’il s’agissait vraiment d’allergies ou seulement d’intolérances, note Stéphanie. On m’a ensuite répondu que le pain était « sûrement correct », puisqu’il ne contenait pas de gluten. »  

Au service alimentaire du centre hospitalier, on a aussi assuré Stéphanie que la liste des ingrédients des aliments servis à Mégane pouvait être obtenue sans problème. Seul hic : les demandes sont traitées uniquement le jour, pendant les heures d’ouverture du service alimentaire. Or, Stéphanie aurait eu besoin de la liste des ingrédients à l’heure du souper…

Face à l’incertitude, Stéphanie a refusé le plateau-repas pour sa fille et s’est tournée vers son conjoint pour qu’il leur apporte de la nourriture sécuritaire. Pas question, pour la mère, d’offrir des aliments à Mégane sans être convaincue qu’ils ne contiennent aucun de ses allergènes.

Des pistes d’amélioration

Au Québec, la gestion des allergies alimentaires dans les centres hospitaliers est loin d’être uniforme. Les filets de sécurité en place pour protéger les personnes allergiques diffèrent ainsi d’un hôpital à l’autre. Alors que certains établissements ont en place des mesures efficaces pour limiter le risque de réactions allergiques, d’autres semblent n’avoir aucun plan de gestion des allergies.

« C’est regrettable, se désole Stéphanie, parce que Mégane ne doit pas être la seule personne allergique à être hospitalisée au Québec. » Elle est d’ailleurs d’avis que de petits ajustements permettraient de rassurer les personnes allergiques qui séjournent à l’hôpital.

Stéphanie a donc entrepris de rencontrer la gestionnaire du service alimentaire pour lui faire part de ses inquiétudes et lui proposer des pistes d’amélioration dans le but de réduire les risques pour les personnes allergiques hospitalisées. « Je leur ai notamment suggéré d’offrir aux membres du personnel une formation visant à les sensibiliser à la réalité des allergies alimentaires, explique Stéphanie. L’objectif de cette formation viserait à démystifier l’importance d’une bonne gestion des allergies alimentaires et à conscientiser les employés de toutes les unités aux dangers associés. »

Parmi les autres suggestions de Stéphanie, notons l’ajout de visuels ou de couleurs aux cabarets afin de faciliter l’identification des repas des patients allergiques. « Il pourrait s’agir, par exemple, de plateaux ou de couverts d’une couleur différente pour les personnes allergiques ou d’un pictogramme facilement repérable sur la feuille descriptive du repas du patient », explique-t-elle. L’achat de collations et d’aliments sans allergènes pour la clientèle allergique serait une autre possibilité. Sur ce point, Stéphanie précise que malgré les coûts plus élevés de ces produits, leur offre s’est grandement diversifiée au cours des dernières années. On retrouve en effet de plus en plus d’aliments préemballés sécuritaires et savoureux pour les personnes allergiques. Leur ajout au menu des centres hospitaliers rassurerait énormément ces patients, selon Stéphanie. Cette dernière a également proposé d’utiliser des ustensiles emballés afin de limiter le risque de contamination croisée lors de la préparation des plateaux-repas.

Au moment d’écrire ces lignes, Stéphanie ignore si ses suggestions d’amélioration ont été prises en compte et implantées par le centre hospitalier où a séjourné brièvement sa fille l’an passé.

Elle espère toutefois que ses actions porteront fruit ! Nous remercions Stéphanie pour ses démarches et son témoignage.

Allergie Québec est d’avis que les services alimentaires des hôpitaux devraient se doter de politiques et de procédures qui permettront non seulement de servir adéquatement et en toute sécurité les patients allergiques, mais aussi de former les équipes (gestionnaires, cuisiniers, préposés au service, etc.).

Ces politiques doivent assurer le contrôle des allergènes en cuisine pour éviter la contamination directe et croisée. Cependant, des précautions doivent être prises en amont de l’hospitalisation, c’est-à-dire bien avant de s’informer des allergies alimentaires du patient. Chaque étape doit prendre en compte la gestion des allergènes, de la commande de marchandises au service au patient allergique, en passant par la préparation des aliments et le nettoyage des équipements et des surfaces. Une formation adaptée à l’établissement s’avère donc essentielle. Allergies Québec a d’ailleurs formé des services alimentaires hospitaliers à la gestion des allergies alimentaires, notamment celui du CHU Sainte-Justine.