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Allergies alimentaires et adolescence : entre autonomie et responsabilité

adolescence allergies alimentaires

Concilier autonomie et sécurité constitue tout un défi pour les adolescents qui vivent avec des allergies alimentaires.

À l’adolescence, le besoin d’autonomie se fait plus fort, notamment à l’approche de la saison estivale. Les vacances, les sorties entre amis, les camps ou les premiers emplois sont autant d’occasions pour les jeunes de prendre leur envol… souvent loin du regard des parents.

Mais pour les jeunes qui vivent avec des allergies alimentaires, cette soif de liberté s’accompagne de défis bien particuliers, puisqu’ils doivent conjuguer cette quête d’indépendance et la gestion rigoureuse de leurs allergies alimentaires. Une récente étude propose une incursion dans le monde de ces jeunes qui apprennent à tracer leur propre chemin vers l’autonomie tout en prenant progressivement la responsabilité de la gestion de leurs allergies. Quels défis ces adolescents rencontrent-ils?

Donner la parole aux jeunes allergiques

Jusqu’ici, les études sur les allergies alimentaires chez les jeunes se concentraient surtout sur le point de vue des professionnels de la santé. Les adolescents, eux, étaient rarement interrogés directement.

C’est en partie pour combler ce vide que l’infirmière irlandaise Meg O’Sullivan et son équipe ont donné la parole à 10 jeunes âgés de 12 à 16 ans vivant avec une ou plusieurs allergies alimentaires [1]. L’objectif : explorer leurs perspectives à un moment où ils passent graduellement d’une prise en charge parentale de leurs allergies alimentaires à une plus grande autonomie. Les témoignages recueillis dans le cadre de l’étude ont permis de dégager certains constats éclairants.

Développer un sentiment d’appartenance 

L’un des premiers constats relevés par l’équipe de recherche touche le sentiment d’appartenance. Ce besoin naturel, partagé par tous les adolescents, semble difficile à développer pour certains des jeunes qui vivent avec des allergies alimentaires ayant été interrogés dans le cadre de l’étude.

Par exemple, plusieurs ont mentionné avoir éprouvé des difficultés lors de la transition entre l’école primaire et l’école secondaire, notamment parce qu’ils sont passés du statut d’élève allergique connu de tous à celui d’élève parmi tant d’autres*. Ce passage vers un milieu où les pairs sont moins attentifs à leur condition allergique a amené certains participants à se sentir moins considérés par leurs camarades, voire isolés, dans ce nouvel environnement.  

À l’inverse, les jeunes ayant des amis qui les soutenaient et qui comprenaient leur condition allergique développaient un plus grand sentiment d’appartenance. Se savoir entouré d’amis sensibilisés à la réalité des allergies alimentaires et capables d’intervenir en cas de réaction contribuait également à augmenter le sentiment de sécurité des participants.

*Les données présentées ici s’appliquent au contexte scolaire irlandais et pourraient ne pas être applicables au contexte québécois.

Rechercher l’acceptation des pairs

La différence fait souvent peur à l’adolescence. Et les jeunes qui vivent avec des allergies alimentaires sont nombreux à se sentir différents.

Fait intéressant : pour les participants à l’étude, le plus difficile n’était pas forcément de prendre des précautions pour assurer leur sécurité, mais plutôt d’avoir à les expliquer à leur entourage et aux personnes qu’ils rencontrent.

Selon les auteurs de l’étude, les adolescents craignent d’être un fardeau pour les autres. Ils s’inquiètent de la réaction de leurs pairs par rapport à leurs besoins et aux précautions rendues nécessaires en raison de leurs allergies alimentaires.

 

Certains participants ont par exemple nommé le sentiment de culpabilité qui les envahit lorsqu’ils mentionnent ne pas pouvoir manger au restaurant choisi par leur groupe d’amis à cause de leurs allergies. D’autres préfèrent simplement dire qu’ils n’ont pas faim et ainsi éviter le malaise.

Encore une fois, le soutien du cercle social joue un rôle clé : les adolescents qui vivent avec des allergies alimentaires et qui sont entourés d’amis bien informés ont une expérience généralement plus positive. L’information et la sensibilisation apparaissent donc comme des leviers puissants pour améliorer leur quotidien.

Acquérir les connaissances essentielles

Bien gérer ses allergies, c’est plus que de seulement connaître ses allergènes. Il faut savoir lire une étiquette, reconnaître les manifestations d’une réaction allergique et être capable d’intervenir efficacement. Mais l’étude révèle certaines lacunes en ce qui concerne les connaissances des jeunes interrogés à propos de leurs allergies alimentaires.

Certains ont exprimé directement le besoin d’être mieux informé sur la reconnaissance des symptômes de l’anaphylaxie et sur le traitement de celle-ci. D’autres, sans le savoir, véhiculaient des idées erronées sur les allergies alimentaires. Par exemple, un des participants ne voyait pas l’intérêt de vérifier à nouveau la liste des ingrédients des aliments qu’il avait mangés sans problème dans le passé. Ce manque de connaissance constitue, selon l’équipe de recherche, une barrière à une gestion efficace des allergies alimentaires.

Les jeunes expriment aussi le souhait que l’ensemble des élèves de leur école soient mieux sensibilisés à la réalité des personnes allergiques, signe que l’éducation ne doit pas s’adresser uniquement aux individus concernés.

Assumer peu à peu la gestion de ses allergies

Au fur et à mesure qu’ils vieillissent et qu’ils gagnent en autonomie, les adolescents prennent graduellement le relais de leurs parents dans la gestion de leurs allergies. Pourtant, même si les participants à l’étude considéraient cette transition nécessaire, ils l’envisageaient néanmoins comme un défi à relever.  

L’oubli semble être l’obstacle le plus commun rencontré chez les jeunes interrogés. Par exemple, certains trouvaient très difficile de se rappeler d’apporter en tout temps leur auto-injecteur d’épinéphrine. D’autres ne pensaient pas systématiquement à regarder la liste des ingrédients des aliments avant de les consommer. D’autres encore trouvaient ardu d’informer les employés des restaurants de leurs allergies.

Malgré tout, les jeunes demeuraient optimistes : avec le temps, ils deviendront des adultes responsables capables d’assurer eux-mêmes une bonne gestion de leurs allergies alimentaires!

Favoriser une transition réussie vers l’autonomie

L’étude menée par Meg O’Sullivan met en lumière la complexité du chemin vers l’autonomie pour les adolescents qui vivent avec des allergies alimentaires. Entre le désir d’indépendance, le sentiment d’appartenance, la pression sociale et les responsabilités grandissantes, leur parcours exige des outils, du soutien et une meilleure éducation pour eux-mêmes, mais aussi pour leur entourage.

En terminant, voici quelques astuces pour vous aider à mieux soutenir votre adolescent allergique dans son parcours vers l’autonomie à l’approche des vacances d’été :

  • Lorsque vous mangez au restaurant avec votre adolescent, encouragez-le à nommer lui-même ses allergies au serveur.
  • Impliquez progressivement votre jeune à prendre la responsabilité de ses allergies, par exemple en lui demandant de vous accompagner à l’épicerie et en regardant avec lui la liste des ingrédients des aliments choisis.
  • Aider votre jeune à faire du port de l’auto-injecteur un réflexe. Par exemple, ensemble, identifiez des trucs qui l’aideront à se rappeler de prendre son auto-injecteur quand il s’apprête à sortir.
  • Suggérez à votre jeune des sources fiables d’informations pour qu’il puisse approfondir ses connaissances sur les allergies alimentaires. Par exemple, le site d’Allergies Québec regorge de renseignements utiles et offre une ligne de soutien téléphonique pour personnes allergiques.

Bon été!

Références

[1]     O’Sullivan, M., Curtin, M., Flynn, R., Trujillo, J. et O’Mahony, J. (2025). « When I became older, I started having to manage that more myself » – Experiences of adolescents with food allergies: A qualitative study. Pediatric Allergy and Immunology, 36(2), e70048. https://doi.org/10.1111/pai.70048

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