Témoignage de Marie-Laurence, 12 ans : Mes p’tites victoires et frustrations

Dernièrement, Marie-Laurence D’Amours, 12 ans, a approché Allergies Québec avec le désir de soutenir les membres de l’association. Cette jeune fille débordante d’idées compose avec une longue liste d’allergies alimentaires. Afin d’aider d’autres jeunes touchés par les allergies à se sentir moins seuls, elle a composé le texte suivant. 

Vivre avec des allergies alimentaires fait maintenant partie de mon quotidien, depuis l’âge de 1 an et je dois accepter cette réalité. Celle-ci peut être frustrante, puisque j’ai autour de 34 allergies dont 26 sont alimentaires. Ça m’arrive souvent de me plaindre pis de chialer à mes parents, « pourquoi j’ai mérité cela », surtout dans des situations où cela m’empêche de faire quelque chose normalement. Des fois, je suis devant un comptoir au centre d’achat pis ma sœur décide de prendre un sorbet, par exemple, et je dois me contenter d’un slush ou d’un verre d’eau. Ouf, c’est dans des moments de même que je suis frustrée d’avoir des allergies. Ou encore quand je suis à l’épicerie et que je lis les ingrédients sur la boite d’un aliment qui m’attire et que si près du but, c’est écrit « peut contenir des œufs ». J’imagine qu’on a tous déjà vécu une situation comme ça, mais dans le moment j’ai l’impression que personne ne peut comprendre la peine ainsi que le « mal » que ça peut me faire.

Ça m’arrive de me sentir rejetée aussi lorsque, par exemple, mes meilleures amies me proposent des jujubes et que je dois dire « Merci, mais je ne peux pas à cause de mes allergies » et qu’elles me répondent « Ahh oui, c’est vrai, scuse ». Ce n’est pas de leur faute du tout, mais parfois ça m’attriste de ne pas avoir eu la chance de gouter. Y’a un jeu aussi qui était à la mode en 2016, le Jelly Bean challenge, le jeu avec genre des bonbons à plein de saveurs étranges et que tu as le choix de tomber sur la bonne ou sur la mauvaise. Je n’ai jamais pu jouer à ce jeu. Alors que mes amies y jouaient pendant la fête, j’étais assise à tourner la roulette. Yes! C’était triste quand même.

P’tites victoires

Je tiens à dire que même avec toutes les frustrations, les rejets que j’ai eus et ceux que j’ai encore, il m’arrive parfois d’avoir ce que j’aime appeler « mes p’tites victoires ». Ces moments où tu as un p’tit quelque chose pas gros que t’aimerais faire comme les autres et que tu ne peux pas, et que tu finis par trouver une solution qui te rend heureuse. Comme, par exemple, y’a 2 ans, je voulais pouvoir manger une crème glacée trempée, comme celle de Chocolats favoris, malheureusement à cause de la manière qu’elle est manipulée, je ne peux pas faire tremper ma crème glacée. Finalement, nous avons fini par nous rendre compte que la pâtisserie sans allergènes,  Mlle Cupcake, commençait à en faire. Ça m’a rendue très heureuse.

Depuis 4 à 5 ans, je fréquente un camp de vacances, qui est selon moi une super expérience de vie à vivre. Ce n’était pas évident pour la nourriture, mais nous avons trouvé une solution avec le camp. Ce n’est quand même pas facile pour ma mère de m’envoyer 2 semaines, avec des collations de soir, des soupers, des diners, des déjeuners et finalement de la nourriture d’expédition. Cela implique donc beaucoup de temps en cuisine, de recherche et d’achat de plats de plastiques (hahahaha). Ça implique aussi, pour moi, de comprendre que, même si je mange autre chose que les autres, ça n’a pas d’importance. Comme quoi même si parfois certaines choses ne sont pas comme les autres, l’important c’est de se concentrer sur ce que ça me permet de faire. Probablement ma plus grande victoire. Bref, j’ai des petits plaisirs comme celui-là, et parfois des plus grands, qui me rendent heureuse, de temps en temps.

Par Marie-Laurence D’Amours, 12 ans

 

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