Allergies alimentaires et adolescence – Être cool en toute sécurité
Par Katia Vermette
La gestion des allergies alimentaires n’est pas chose facile, particulièrement pendant l’adolescence. Mais il est quand même possible d’être cool tout en limitant le risque de réaction allergique.
À l’adolescence, tu dois relever de multiples défis au quotidien : changements physiques, bouleversements psychologiques, quête d’indépendance, pression sociale. Et si tu vis avec des allergies alimentaires, il te faut en plus gérer le risque d’une réaction anaphylactique. Il s’agit d’un défi de taille, mais pour lequel les astuces sont nombreuses pour te faciliter la tâche!
Mais d’abord, quelques explications…
Il est reconnu que les décès liés à des réactions allergiques sont plus fréquents chez les adolescents et les jeunes adultes[1]. Mais pourquoi? En fait, vous, les jeunes, envisagez la prise de décision différemment de vos parents et des autres adultes de votre entourage : au lieu de considérer le risque associé à votre choix, vous évaluez les gains potentiels qui pourraient en découler[2].
Par exemple, le choix d’apporter ou non son auto-injecteur lors d’une sortie entre amis reposerait principalement sur la réaction de ces derniers. Pour être « comme les autres » et éviter les questions, vous seriez donc plus enclin à prendre un risque, soit celui de quitter la maison sans votre médication d’urgence. Tu te retrouves dans cet exemple? Rassure-toi, tu n’es pas seul…
Bon nombre d’adolescents et de jeunes adultes admettent prendre des risques dans la gestion de leurs allergies alimentaires. Dans une étude parue en 2006, seulement 61 % des adolescents et des jeunes adultes transportaient toujours sur eux leur auto-injecteur d’épinéphrine[3]. En outre, la même étude révélait que 54 % des participants âgés de 13 à 21 ans avaient consommé en toute connaissance de cause un aliment potentiellement dangereux pour eux.
Mais alors, l’adolescence et la sécurité sont-elles nécessairement irréconciliables quand il est question d’allergies alimentaires? La réponse est non. Et voici, pour t’en convaincre, quelques astuces qui t’aideront à gérer le risque tout en restant cool :
1. Informe ton entourage de tes allergies alimentaires
Lorsque tu entres dans l’adolescence et apprends à voler de tes propres ailes, la gestion des allergies alimentaires devient progressivement ta responsabilité, et non plus exclusivement celle de tes parents. Mais il est difficile de concilier cette gestion avec la volonté d’être comme les autres. Pourtant, la majorité des adolescents allergiques sont d’avis que la sensibilisation des pairs au risque de fatalité lié aux allergies alimentaires leur simplifierait grandement la vie[4].
N’hésite donc pas à informer tes amis et tes collègues de classe de tes allergies alimentaires, de la médication d’urgence que tu dois transporter sur toi en tout temps et de la manière dont on peut reconnaître une réaction allergique. Prends l’initiative. Plus tes amis seront renseignés, mieux ils comprendront ta situation et plus facilement ils t’appuieront au quotidien.
2. Entoure-toi d’amis qui te soutiennent dans la gestion de tes allergies alimentaires
S’ils comprennent le sérieux de tes allergies, tes amis ne voudront pas que tu prennes de risque. En t’entourant de personnes qui t’appuient dans la vie de tous les jours, la gestion du risque de réaction anaphylactique sera plus simple. Tes amis seront rassurés de voir ton auto-injecteur, ils éviteront les remarques au fait que tu es différent, ils choisiront des restaurants sécuritaires pour toi. Bref, ils te faciliteront la vie!
3. Sois clair dans tes demandes
Quand tu te trouves face à une situation présentant un risque, tu gagneras à nommer tes allergies alimentaires. Lors d’une sortie au restaurant par exemple, mentionnes clairement au serveur tes allergies et assures-toi qu’il comprenne bien ce que tu lui dis. Établis avec lui un contact visuel et parles suffisamment fort. Au besoin, lève-toi pour parler au serveur seul à seul. Surtout, n’hésites pas à lui poser des questions si tu as des doutes sur la présence d’un de tes allergènes dans un plat.
4. Sois proactif
Établis une liste des restaurants dont le menu est sécuritaire pour toi et proposes l’un d’eux à tes amis lorsque vient le temps de planifier une sortie. En cas de doute, contactes au préalable le restaurant pour t’informer du menu et de leur politique en matière de gestion des allergènes alimentaires.
Qui plus est, l’adolescence est souvent l’occasion du premier amour et, par le fait même, du premier baiser. Sois conscient que les allergènes peuvent demeurer dans la bouche d’une personne plusieurs heures après la consommation d’un aliment. Le baiser constitue donc un risque pour la personne allergique, comme tu peux le lire dans notre article à ce sujet. En sachant de quoi il en retourne, tu t’assureras d’être proactif!
5. Rappelle-toi que l’allergie alimentaire ne te définit pas
Il est normal que tes allergies t’incommodent socialement et te donnent l’impression de prendre toute la place dans ta vie. Mais il est important de te concentrer sur les autres aspects de ta vie, tout en adoptant de bonnes habitudes en ce qui concerne la gestion de tes allergies alimentaires. Ainsi, n’oublie pas toutes les caractéristiques et les intérêts qui te définissent. Ce qui te distingue te feras rayonner : ta personnalité, tes talents, tes forces. Les personnes dites « cool » sont souvent confiantes et affichent leurs goûts, leurs désirs et leurs besoins. En développant ton identité en dehors de tes allergies, ces dernières en viendront à prendre de moins en moins de place.
6. Tire avantage de l’expérience des autres jeunes allergiques
Quoi de mieux qu’un autre jeune vivant avec des allergies alimentaires pour comprendre ce que tu ressens? Plusieurs de ces jeunes partagent leur expérience sur des blogues ou lors de conférences s’adressant aux adolescents. Va à leur rencontre et lis ce qu’ils ont à te dire, par exemple : Teen Faab (en anglais seulement) se veut une ressource en ligne pour les jeunes allergiques, par les jeunes allergiques.
Pour terminer, saches qu’Allergies Québec met à ta disposition une ligne de soutien (514 990-2575, poste 204) pour t’aider à mieux gérer tes allergies alimentaires. N’hésite pas à l’utiliser!
[1] Allan Bock, S., Muñoz-Furlong, A. et Sampson, H. A. (2001). Fatalities due to anaphylactic reactions to foods. Journal of Allergy and Clinical Immunology, 107(1):191-193. DOI 10.1067/mai.2001.112031
[2] Albert, D., Chein, J. et Steinberg, L. (2013). The teenage brain: Peer influences on adolescence decision making. Current Directions in Psychological Science, 22(2):114-120. DOI 10.1177/0963721412471347
[3] Allan Bock, S., Muñoz-Furlong, A. et Sampson, H. A. (2001). Fatalities due to anaphylactic reactions to foods. Journal of Allergy and Clinical Immunology, 107(1):191-193. DOI 10.1067/mai.2001.112031
[4] Monks, H. et coll. (2010). How do teenagers manage their food allergies? Clinical & Experimental Allergy, 40:1533-1540. DOI 10.1111/j.1365-2222.2010.03586.x