L’introduction des aliments allergènes chez le nourrisson en 4 questions

Introduction des allergènes

L’introduction des allergènes dans l’alimentation de bébé soulève énormément de questionnements chez les parents. Voici quelques réponses qui vous aideront à y voir plus clair.

  1.  Quand et comment dois-je introduire les aliments allergènes dans l’alimentation de mon bébé?

L’introduction des aliments solides, incluant les allergènes, devrait se faire vers l’âge de six mois. En effet, selon les plus récentes études sur le sujet, le fait de retarder la consommation d’aliments allergènes après l’âge de six mois ne préviendrait pas le développement d’une allergie alimentaire chez le nouveau-né[1].

Comment procéder?

  • Assurez-vous que votre enfant est physiquement prêt à consommer des aliments solides. Il devrait par exemple être capable de s’asseoir sans aide et contrôler adéquatement les muscles de son cou.
  • Commencez par des aliments riches en fer (céréales pour bébé enrichies de fer, viande, volaille, poisson, œuf, tofu, légumineuses), surtout si votre enfant est allaité. Par la suite, l’ordre d’introduction des aliments que vous présenterez à votre enfant dépendra des habitudes alimentaires de votre famille.
  • Présentez un nouvel aliment à la fois à votre enfant et attendez trois jours avant d’en introduire un autre. De cette manière, vous serez en mesure d’identifier une éventuelle réaction allergique et l’aliment en cause.

L’Organisation mondiale de la santé recommande un allaitement exclusif pendant les six premiers mois de vie du nourrisson, soit jusqu’à ce que soient introduits les aliments solides[2]. Le lait maternel continuera par la suite de combler jusqu’à la moitié des besoins nutritionnels du bébé, en complémentarité de l’alimentation solide. Jusqu’à l’âge d’un an, le lait constitue le principal aliment du bébé.

Si vous avez fait le choix de ne pas allaiter votre enfant ou s’il s’avère impossible pour vous de le faire, sachez que tout comme pour l’allaitement, la préparation commerciale pour nourrissons constitue l’essentiel de l’alimentation du nourrisson jusqu’à l’introduction des aliments solides, après quoi le lait deviendra progressivement complémentaire.

2.  Mon enfant présente un risque de développer des allergies alimentaires. Est-il préférable d’introduire les aliments allergènes avant qu’il n’atteigne l’âge de six mois?

Il est reconnu que le risque de développer une allergie alimentaire pour un enfant est plus élevé si son frère, sa sœur, l’un de ses parents ou les deux, vivent avec une condition allergique (eczéma, allergie alimentaire, asthme, rhinite allergique). Il en est de même si l’enfant présente une histoire personnelle d’atopie, par exemple s’il souffre d’eczéma.

Selon une directive de la Société canadienne de pédiatrie, publiée le 24 janvier 2019, il est désormais recommandé d’introduire les aliments allergènes solides chez les enfants à haut risque vers l’âge de six mois (mais pas avant l’âge de quatre mois), ou dès qu’ils sont prêts à consommer des aliments solides (3).

Les conseils suivants sont également mis de l’avant par la Société canadienne de pédiatrie :

  • Si vous allaitez votre bébé, la pratique devrait être poursuivie au moins jusqu’à l’âge de deux ans, en raison de ses bienfaits immunologiques et développementaux.
  • Introduisez un aliment allergène à la fois, ce qui vous permettra de surveiller la survenue d’une éventuelle réaction allergique. Il n’est cependant pas recommandé d’attendre inutilement avant d’introduire un autre aliment.
  • Si votre enfant tolère un aliment allergène, continuez de lui en offrir régulièrement, à raison de quelques fois par semaine, afin de lui permettre de maintenir sa tolérance face à cet allergène.
  • En cas de réaction à un aliments, consultez un médecin ou un allergologue.

3.  Existe-t-il un risque plus grand pour mon enfant de développer une allergie alimentaire si certains aliments sont introduits plus tard dans son alimentation?

Il arrive que l’introduction de certains aliments soit retardée chez certains enfants en raison des habitudes alimentaires de la famille. On pense par exemple à la viande chez les végétariens et aux œufs chez les végétaliens. Ce retard peut-il avoir un impact sur le développement des allergies alimentaires de votre enfant?

En fait, il est difficile de répondre à cette question, parce que plusieurs facteurs entrent en ligne de compte (l’âge de l’enfant, le fait qu’il fréquente un milieu de garde où les aliments sont introduits, ses facteurs de risque, etc.). En outre, peu d’études ont été menées sur le sujet.

Il semblerait cependant que le fait de retarder l’introduction d’un aliment allergène puisse augmenter le risque de développer plus tard une allergie alimentaire à cet aliment. Une étude publiée en 2010 a effectivement montré que les enfants chez qui on introduisait les œufs à l’âge d’un an présentaient un risque 3,4 fois plus élevé de développer une allergie à cet aliment que ceux qui en consommaient depuis l’âge de six mois[4]. L’étude LEAP a pour sa part démontré une tendance similaire lors de l’introduction des arachides[5].

Notez toutefois que, mis à part en ce qui concerne l’introduction des arachides, qui fait l’objet de recommandations particulières, des études plus poussées devront être effectuées pour en arriver à des conclusions précises sur le sujet. En attendant, la meilleure approche à adopter est de consulter le médecin ou l’allergologue de votre enfant.

4.  Quels sont les signes et les symptômes qui m’indiqueraient que mon bébé est allergique à un aliment?

Il peut s’avérer difficile d’identifier les signes et symptômes d’une réaction allergique chez le nouveau-né. En effet, les manifestations de l’allergie alimentaire sont parfois différentes de celles de l’enfant ou de l’adulte.

Voici quelques manifestations possibles de l’allergie alimentaire chez le nourrisson :

  • Urticaire;
  • Plaques rouges et gonflées sur le corps;
  • Enflure des lèvres ou du visage;
  • Irritabilité;
  • Pleurs excessifs;
  • Difficultés répétées à boire;
  • Vomissements en jets;
  • Mucus ou sang dans les selles;
  • Diarrhées à répétition;
  • Gain de poids insuffisant;
  • Anémie;
  • Etc.

Si vous allaitez votre bébé, sachez que certains allergènes alimentaires peuvent être excrétés dans le lait maternel, par exemple ceux de l’arachide, du lait, du soya et des œufs. Ainsi, même si votre enfant n’a pas encore commencé à manger des aliments solides, il pourrait tout de même réagir à certains aliments. Soyez donc attentif!

À lire aussi : Le passage des allergènes alimentaires dans le lait maternel

Pour aller plus loin :

Par Katia Vermette

1] Société canadienne de pédiatrie. (1 février 2016). L’exposition alimentaire et la prévention des allergies chez le nourrisson à haut risque. Repéré à https://cps.ca/fr/documents/position/lexposition-aux-aliments-et-la-prevention-des-allergies
[2] https://www.who.int/fr/health-topics/breastfeeding#tab=tab_1
[3] Société canadienne de pédiatrie. (24 janvier 2019). Le moment d’introduire les aliments allergènes solides chez les nourrissons à haut risque. Repéré à https://www.cps.ca/fr/documents/position/allergenes-solides
[4] Koplin, J. J. et coll. (2010). Can early introduction of egg prevent egg allergy in infants? A population-based study. Journal of Allergy and Clinical Allergology, 126(4):807-13.
[5] Greenhawt, M. (2015). The learning early about peanut allergy study: The benefits of early peanut introduction, a new horizon in fighting the food allergy epidemic. Pediatric Clinics of North America, 62(6):1509-21