Entrevue avec Cécile Véronneau dont le fils Enrik fait des réactions à retardement

réaction à retardement

En ce mois de la sensibilisation aux allergies alimentaires, Allergies Québec est allée à la rencontre de personnes allergiques.

Enrik a 8 ans. Il est allergique aux noix et aux arachides. La première fois qu’il a fait une réaction, il avait environ 2 ans. Sa mère, Cécile Véronneau, l’avait amené au magasin pour acheter des noix. Elle lui a offert des cachous et des pistaches au passage. Après une dizaine de minutes, le garçon a commencé à couler du nez, à tousser et à vomir. Sa bouche s’est mise à enfler. Immédiatement, sa mère a reconnu les signes d’une réaction allergique et s’est dirigée vers l’hôpital, où le petit a pu être traité pour un choc anaphylactique. Depuis, Enrik et sa famille relèvent les nombreux défis d’une vie avec des allergies alimentaires.   

Allergies Québec — Quel côté de la vie avec des allergies alimentaires trouvez-vous le plus difficile ?

Cécile Véronneau — Le plus difficile, c’est la vie de tous les jours et le côté social. Enrik a beaucoup de limitations au niveau alimentaire. Il faut donc faire attention à tout ce que nous achetons. Depuis qu’il est allergique, nous devons toujours vérifier ce qu’il peut manger et identifier ce qu’il doit éviter de consommer. Maintenant, il est plus conscient de ses allergies, mais quand il était plus jeune, on ne pouvait pas le laisser seul à une fête par exemple.

Au départ j’étais parfois gênée d’envoyer mon garçon à une fête, parce que je ne voulais pas qu’il se sente seul ou que les autres soient indisposés par ses allergies alimentaires. Je lui fais donc toujours ses petits gâteaux avec son sac de collations qu’il apporte à des anniversaires, des sorties, ou sinon je m’assure que le gâteau qui sera servi est sans noix ni arachides. On doit toujours être vigilant. Même si les gens sont de bonne foi, il arrive qu’ils ne se rappellent pas tout ce à quoi il faut penser quand il est question d’allergies alimentaires.

Une autre chose que je trouve difficile est de voir mon enfant vivre avec la peur d’une réaction allergique. Il sait ce que c’est, parce qu’il a déjà vécu des graves réactions. Encore aujourd’hui, il fait très attention et ne veut pas toucher un aliment qui pourrait contenir des traces de ses allergènes.

Enfin, Enrik fait aussi des réactions allergiques à retardement ou différé, soit 1 à 2 heures après avoir mangé un aliment, ce qui est encore plus stressant qu’une réaction subite.

Allergies Québec — Qu’aimeriez-vous que les gens sachent sur les allergies alimentaires ?

Cécile Véronneau — À mon avis, la sensibilisation qui est faite aujourd’hui dans les écoles, c’est très bien. Mais ce n’est pas acquis pour tous et beaucoup de choses demeurent mal connues sur les allergies alimentaires. J’aimerais que les gens développent le réflexe de ne pas envoyer des produits contenant des allergènes à l’école ou dans une fête. Aussi, la question « Y a-t-il des enfants allergiques dans le groupe ? » devrait, selon moi, devenir un réflexe pour tous même dans les événements à caractère social (fête, école, camp de vacances, etc.). 

Allergies Québec — Selon vous, quels changements sociaux ou gouvernementaux permettraient aux personnes allergiques de mieux vivre au quotidien ?

Cécile Véronneau — L’étiquetage des allergènes alimentaires devrait être obligatoire pour tous les aliments vendus en épicerie, ce qui n’est pas le cas actuellement. Il faudrait travailler à sensibiliser davantage les épiciers, les fabricants de produits alimentaires et la population en général au fait que des allergènes peuvent se retrouver dans certains aliments et qu’il est important d’en informer la clientèle. Un peu comme l’obligation d’afficher le prix d’un produit. Beaucoup d’aliments présentent une mention « Peut contenir des traces de… » ou « Fabriqué dans une usine qui utilise… ». Il y a de plus en plus d’épiceries qui ont une section de produits sans allergènes, c’est une bonne initiative. Je pense que ces pratiques pourraient être étendues et que plusieurs pourraient s’en inspirer. Il en est de même pour les restaurants, les boulangeries, les crémeries, et tous les acteurs de la restauration, qui devraient faire attention à la contamination croisée et offrir, autant que possible, des menus sans allergènes.

Il faut aussi travailler à sensibiliser davantage la société actuelle à la réalité des allergies alimentaires. On le fait pour le cancer et la santé mentale, alors pourquoi pas pour les allergies ? Oui, on pourrait s’atteler à dire que les allergies ne sont pas aussi graves que le cancer. Néanmoins, cela aiderait et permettrait probablement de sauver des vies. Vivre avec des allergies alimentaires est une angoisse permanente pour les parents, les familles et les personnes atteintes de ce fléau.

Même s’il reste énormément de travail à faire pour sensibiliser la population à la réalité des allergies alimentaires, Cécile Véronneau constate une très belle ouverture de son entourage et de l’école que fréquente Enrik. Tous les intervenants prennent les précautions nécessaires pour assurer la sécurité du garçon et des enfants allergiques. Ce genre de relation est très précieuse pour la maman, qui espère que, partout au Québec, dans toutes les écoles et dans tous les milieux, les petits allergiques reçoivent cette même considération, sans exception !

 

Allergies Québec remercie Cécile Véronneau pour son témoignage.