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Utilisation du Benadrylᴹᴰ : une ère révolue?

Benadryl antihistaminique diphenhydramine

Votre trousse de secours en cas de réaction allergique contient-elle du Benadrylᴹᴰ? Si oui, il serait temps de la mettre à jour.

Les antihistaminiques oraux sont communément utilisés pour soulager les symptômes de rhinite allergique ou d’urticaire chronique. Certaines personnes y ont aussi recours pour apaiser les démangeaisons ou les symptômes légers qui découlent d’une réaction allergique.

Cependant, tous les antihistaminiques ne sont pas équivalents. Leur efficacité de même que leurs effets secondaires varient parfois grandement d’un médicament à l’autre. Dans ce contexte, l’emploi du BenadrylMD, ou diphenhydramine, est délaissé depuis quelques années, au profit des antihistaminiques de deuxième et de troisième génération, plus sécuritaires et associés à moins d’effets indésirables.

La petite histoire du BenadrylMD

La diphenhydramine, mieux connue sous le nom de BenadrylMD, a été découverte au début des années 1940, par un certain George Rieveschl [1]. Ce chimiste et professeur à l’Université de Cincinnati était à l’époque à la recherche d’une molécule capable d’améliorer l’efficacité des relaxants musculaires.

Un jour, alors qu’il testait différentes molécules, le chercheur fut surpris de constater les propriétés antihistaminiques de la diphenhydramine. En effet, le médicament réussissait à bloquer l’action de l’histamine, l’un des médiateurs chimiques libérés chez la personne allergique au contact d’un allergène.

Quelques années plus tard, en 1946, la Food and Drug Administration approuvait la commercialisation du Benadrylᴹᴰaux États-Unis [2]. Il fallut toutefois attendre 1973 pour que le médicament soit autorisé au Canada.

Aujourd’hui, la diphénhydramine est disponible en solution injectable, en comprimés, en liquide et en crème, et on l’utilise pour différentes raisons, entre autres pour soulager les démangeaisons et l’urticaire ou pour induire le sommeil [2]. On la retrouve aussi dans plusieurs médicaments contre le rhume et la grippe [2].  

Un médicament associé à plusieurs risques

Bien qu’elle soit efficace pour bloquer l’action de l’histamine et ainsi soulager certains symptômes allergiques, comme l’urticaire et les démangeaisons, la diphenhydramine provoque de nombreux effets secondaires et peut même présenter des risques pour la santé. En voici quelques-uns.

Des répercussions sur le système nerveux

La diphenhydramine a la capacité de traverser la barrière hémato-encéphalique, qui protège le cerveau, et donc d’atteindre celui-ci pour y provoquer des effets indésirables, comme la somnolence.

Saisissant l’occasion, l’industrie pharmaceutique a rapidement employé la molécule dans des médicaments vendus sans ordonnance pour aider au sommeil. Le problème, c’est que l’effet de somnolence est assez important. Il a d’ailleurs été associé à plusieurs accidents de voiture, d’avion et même de bateau au fil des ans [2, 3]. De plus, les personnes qui utilisent la diphenhydramine pour dormir sont susceptibles de développer une tolérance à l’effet sédatif de la molécule [2].

La diphenhydramine peut aussi diminuer la performance à l’école, causer des étourdissements et des hallucinations, diminuer l’attention et réduire la vigilance [2, 3].

Des risques de toxicité et de surdose

La diphénhydramine peut conduire à des intoxications sévères parfois mortelles, particulièrement chez les enfants. Les cas d’intoxication associés à une ingestion accidentelle ou intentionnelle sont fréquents. En 2003, par exemple, près de 30 000 cas d’exposition à la diphenhydramine, dont certains ont entraîné la mort, ont été rapportés dans les centres antipoison des États-Unis [3].

La toxicité de la diphenhydramine peut se manifester par différents symptômes, incluant de la fièvre, une dilatation des pupilles, une rétention urinaire, de l’irritabilité, des hallucinations, des convulsions. Dans les cas les plus graves, une intoxication à la diphenhydramine peut même mener à une dépression respiratoire, au coma et à la mort [2, 3].

Des troubles cardiaques

La diphénhydramine a été associée à des effets cardiovasculaires indésirables, notamment chez les personnes âgées présentant plusieurs comorbidités et prenant de nombreux médicaments [2, 3, 4].

Devrait-on continuer d’utiliser le BenadrylMD pour soulager les symptômes allergiques ?

Non.

Peu importe si vous vivez avec des allergies alimentaires ou des allergies saisonnières, plusieurs experts recommandent désormais de se tourner vers des options plus efficaces et qui provoquant moins d’effets secondaires que le Benadrylᴹᴰ[2, 3].  Des prises de position en ce sens ont d’ailleurs été publiées dans le World Allergy Organisation Journal et dans le journal Allergy, Asthma & Clinical Immunology.

Dans le cas des allergies saisonnières, privilégiez les antihistaminiques de deuxième et de troisième génération à la diphenhydramine, puisqu’ils sont plus efficaces et entraînent moins d’effets indésirables. D’autres médicaments en vente libre – et certains sous ordonnance – pourraient aussi vous convenir. Consultez votre pharmacien ou votre médecin pour plus d’informations.

En ce qui concerne les allergies alimentaires, rappelons que l’épinéphrine constitue le seul traitement pour contrer les manifestations d’une anaphylaxie. Les antihistaminiques, dont la diphenhydramine, ne sont pas recommandés pour traiter une réaction anaphylactique.

Dans le cas d’une réaction allergique, l’utilisation d’un antihistaminique pourrait être appropriée uniquement en présence d’un seul symptôme cutané léger, et ce, après un certain délai de « surveillance » permettant de s’assurer que la réaction allergique ne progresse pas vers l’anaphylaxie. En effet, la prise d’un antihistaminique pourrait entraver et retarder le développement d’une réaction allergique grave.

Si vous prenez un antihistaminique pour soulager un symptôme cutané léger, la Société canadienne d’allergie et d’immunologie clinique (SCAIC) recommande que ce soit un antihistaminique de deuxième ou troisième génération [3]. Ceux-ci sont en effet plus sécuritaires et provoquent moins d’effets indésirables que le Benadrylᴹᴰ. Pour connaître les antihistaminiques de deuxième et de troisième génération qui pourraient vous convenir, demandez conseil à votre pharmacien.

Tout comme la SCAIC, de plus en plus de voix s’élèvent un peu partout dans le monde pour dire que l’ère du Benadrylᴹᴰ est révolue ! Le temps est maintenant venu de mettre de côté ce médicament et de se tourner vers d’autres options plus sécuritaires.

Références

Références

 

[1]       UC News. (2007, 27 septembre). George Rieveschl, inventor of Benadryl, dies. https://www.uc.edu/news/articles/legacy/healthnews/2007/09/george-rieveschl-inventor-of-benadryl-dies.html  

 

[2]       Clark, J. H., Meltzer, E. O. et Naclerio, R. M. (2025). Diphenhydramine: It is time to say goodbye. World Allergy Organization Journal, 18, 101027. https://doi.org/10.1016/j.waojou.2025.101027   

 

[3]       Fein, M. N., Fischer, D. A. et O’Keefe, A. W. (2019). CSACI position statement: Newer generation H1-antihistamines are safer than first-generation H1-antihistamines and should be the first-line antihistamines for the treatment of allergic rhinitis and urticaria. Allergy Asthma & Clinical Immunology, 15, 61. https://doi.org/10.1186/s13223-019-0375-9

 

[4]       Vigilance Santé. Monographie de la diphenhydramine. Consulté le 18 mars 2025.

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