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Connaissez-vous l’allergie aux champignons?

allergie champignon

Peu connue, l’allergie aux champignons peut pourtant provoquer des réactions sévères. Le point sur cette allergie rare et surprenante.

L’automne est à nos portes, et avec lui commence la saison des récoltes de champignons sauvages! Champignons de Paris, pleurotes, portobello, cèpes, chanterelles, shiitake : autant de variétés savoureuses à intégrer à vos recettes pour en rehausser le goût et profiter de leurs nombreux bienfaits. Riches en vitamines, minéraux et antioxydants, les champignons ont tout pour plaire.

Mais pour certaines personnes, ces petits trésors forestiers peuvent provoquer de sévères réactions allergiques. Et même si l’allergie aux champignons reste peu documentée, elle pique la curiosité de la communauté scientifique. Voici ce que l’on sait aujourd’hui sur cette allergie.

Une allergie alimentaire peu fréquente, mais bien réelle

À ce jour, on ne connaît pas la prévalence de l’allergie alimentaire aux champignons dans la population. En effet, seuls de rares cas ont été rapportés dans la littérature scientifique [1, 2, 3, 4, 5].

Ces cas décrivent le développement rapide de réactions allergiques parfois sévères dans les minutes suivant l’ingestion de champignons. Les symptômes rapportés étaient typiques d’une allergie induite par les IgE : démangeaison du nez et de la gorge, urticaire, enflure des lèvres et du visage, toux, douleurs abdominales, nausées, vomissements, anaphylaxie [1, 2, 3, 4, 5].

Certaines données suggèrent aussi que les réactions allergiques aux champignons pourraient s’intensifier après des expositions répétés [4].

Plusieurs variétés de champignons ont été associées à des réactions allergiques, notamment l’Agaricus bisporus (champignon de Paris), le Boletus badius (bolet bai) et le Lentinula edodes (Shiitake) [1, 2, 3, 4, 5].

Des réactions allergiques variées

Les réactions allergiques aux champignons ne surviennent pas uniquement après leur ingestion. Elles peuvent aussi se déclencher à la suite d’un contact cutané avec le champignon ou encore après l’inhalation de ses spores, des molécules microscopiques assurant leur reproduction [4].

Si certaines réactions peuvent mener à l’anaphylaxie, d’autres types de manifestations allergiques sont également possibles. Par exemple, la variété de champignons Boletus edulis a aussi été associée, selon l’étude à des cas de « syndrome pollen-aliment » et à des épisodes d’asthme [1]. D’autres variétés sont aussi connues pour causer des réactions cutanées appelées « dermatites » (voir encadré) [3].

La dermatite flagellaire : une étrange réaction liée au shiitake

Très populaire en cuisine, le shiitake (Lentinula edodes) est l’un des champignons les plus consommés au monde. Pourtant, il peut provoquer une réaction cutanée aussi impressionnante qu’inconfortable : la dermatite flagellaire [6, 7].

Décrite pour la première fois en 1977, cette réaction se caractérise par l’apparition de marques rouges sur la peau qui ressemblent à celles laissées par un fouet. Elle s’accompagne souvent de fortes démangeaisons. Il s’agit d’une réaction dite « idiosyncrasique », c’est-à-dire qui dépend de la substance et de facteurs individuels. L’intensité de la réaction peut donc varier grandement d’un individu à l’autre.

Cette dermatite se manifeste généralement dans les jours suivant la consommation de shiitake cru ou mal cuit, et disparaît en quelques jours à quelques semaines. Elle est causée par le lentinan, un polysaccharide thermolabile retrouvé dans le shiitake qui est dégradé par la chaleur. Une cuisson adéquate du champignon permettra de détruire ce composé bioactif et ainsi d’éviter cette réaction.

Une histoire d’allergie croisée

On en sait encore peu sur les protéines allergènes présentes dans les champignons. Certaines, comme les porines, ont été identifiées comme des allergènes lors d’analyses en laboratoire, mais plusieurs ne sont toujours pas connues [8].

Les données suggèrent toutefois que la structure de certaines protéines serait partagée entre différentes variétés de champignons [4]. Des chercheurs parlent même d’une possible protéine allergène commune [5].

Ainsi, certaines personnes qui développent une allergie à un champignon pourraient réagir à d’autres champignons contenant des protéines dont la structure est similaire, ce que l’on appelle une allergie croisée. D’ailleurs, des cas d’allergie croisée ont été rapportés entre différentes variétés de champignons, mais aussi entre des champignons et des moisissures [5]. Il est toutefois difficile d’établir la fréquence de ces allergies croisées à l’heure actuelle. Rappelons qu’il est important de discuter de toute crainte d’allergie croisée avec un professionnel de la santé, afin d’éviter de retirer inutilement une catégorie complète d’ingrédients de votre alimentation.

Somme toute, même si l’allergie aux champignons demeure rare et méconnue, elle peut provoquer des réactions allergiques pouvant aller jusqu’à l’anaphylaxie. Des recherches seront toutefois nécessaires pour élucider les mécanismes d’apparition de cette allergie et pour identifier avec précision les allergènes en cause.

Donc, si vous vous adonnez à la cueillette de champignons sauvages cet automne, restez à l’affût afin de ne pas confondre une réaction allergique et un empoisonnement lié à la toxicité d’une variété cueillie en forêt! Et si vous croyez être allergique aux champignons, parlez-en avec votre médecin ou votre allergologue pour en avoir le cœur net.  

Références

[1]     Fischer, T., Eberlein, B., Brockow, K., Ollert, M., Ring, J. et Darsow, U. (2017). Rare ingestive food allergy to mushroom Boletus badiusActa dermato-venereologica97(9), 1134-1135. https://doi.org/10.2340/00015555-2721

[2]     Ito, T., Kobayashi, T., Egusa, C., Maeda, T., Abe, N., Okubo, Y., Tsuboi, R. et Niitsuma, T. (2020). A case of food allergy due to three different mushroom species. Allergology international: Official journal of the Japanese Society of Allergology, 69(1), 152-153. https://doi.org/10.1016/j.alit.2019.08.003

[3]     Cunha, I. M., Marques, M. L., Abreu, C., Bartolomé, B. et Gomes, E. (2020). Anaphylaxis to Agaricus bisporus ingestion. Einstein (Sao Paulo, Brazil)18, eRC5478. https://doi.org/10.31744/einstein_journal/2020RC5478

[4]     Kayode, O. S., Siew, L. Q. C., Pillai, P., Haque, R., Rutkowski, K. et Caballero, M. R. (2020). Mushroom allergy: Case series. The journal of allergy and clinical immunology. In practice8(1), 375-379. https://doi.org/10.1016/j.jaip.2019.08.048

[5]     Herry, J., Menanteau, M., Mailhol, C. et Didier, A. (2022). Allergie alimentaire aux champignons de Paris cuite : à propos d’un cas rare. Revue française d’allergologie, 62, 435-438. https://doi.org/10.1016/j.reval.2021.06.008

[6]     Stephany, M. P., Chung, S., Handler, M. Z., Handler, N. S., Handler, G. A. et Schwartz, R. A. (2016). Shiitake mushroom dermatitis: A review. American Journal of Clinical Dermatology, 17(5), 485–489. https://doi.org/10.1007/s40257-016-0212-6

[7]     Maruthappu, T. et Hader, Z. (2021). A characteristic rash caused by Shiitake mushrooms – An emerging concern? Clinical case reports, 9(6), e04181. https://doi.org/10.1002/ccr3.4181

[8]     Ogidi, O. I. et Oguoma, L. M. O. (2025). Allergies and sensitivities associated with edible mushroom. Dans S. C. Izah, Ogwu, M. C. et M. Akram (dir.), Bioactive compounds in edible mushrooms (p. 1137-1164). Springer Nature Link.

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