Xolair : un médicament qui diminue le risque de réactions allergiques sévères

Médicament prévention réaction allergique

Aux États-Unis, le XolairMD peut désormais être prescrit aux personnes allergiques pour prévenir les réactions sévères.

On entend beaucoup parler du XolairMD, ou omalizumab, ces temps-ci. En plus d’être efficace dans le traitement de l’asthme et de l’urticaire chronique, le médicament réduit le risque de réactions allergiques pendant une immunothérapie orale. En février dernier, on apprenait même qu’il permettait de prévenir les réactions allergiques lorsqu’on l’utilisait seul. Que sait-on exactement sur ce médicament et quel est son potentiel dans le traitement de l’allergie alimentaire ?

Quelques mots sur le XolairMD

 Le XolairMD (omalizumab) est un médicament biologique fabriqué en laboratoire que l’on appelle un anticorps monoclonal [1]. Son mode d’action consiste à traquer les IgE dans le corps afin de les neutraliser. Les IgE, qui sont à l’origine de réactions anormales et exagérées du système immunitaire, ne sont donc plus en mesure d’effectuer leur travail. Résultat : la réaction allergique peut être évitée.

Rappel sur les IgE et leur fonction

Les IgE sont des immunoglobulines du système immunitaire qui circulent dans le corps à la recherche de particules étrangères telles que des bactéries ou des virus pouvant nous rendre malades. Chez la personne allergique, les IgE deviennent cependant hypervigilants et en viennent à reconnaître comme dangereuses certaines protéines alimentaires d’ordinaire inoffensives pour l’humain. Ils provoquent alors le relâchement massif de molécules chimiques (p. ex., l’histamine), ce qui entraîne une réaction allergique potentiellement mortelle.   

Au Canada, les médecins peuvent prescrire le XolairMD aux adultes et aux adolescents atteints d’asthme modéré à sévère (incluant l’asthme allergique) ou d’urticaire chronique de cause inconnue. Le médicament est administré sous la forme d’injections sous-cutanées toutes les 2 à 4 semaines. La Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) le classe comme un médicament d’exception, ce qui signifie qu’il est remboursé seulement à certains patients, soit ceux qui souffrent d’une urticaire chronique et qui respectent des conditions bien précises. Le coût d’une dose de XolairMD dépasse les 600 $ [2].

Or, de nouvelles données pourraient bientôt permettre de le prescrire à ceux et celles qui vivent avec des allergies alimentaires multiples.

Le XolairMD pour réduire le risque de réactions chez les personnes allergiques

Le mécanisme d’action du XolairMD consiste à neutraliser les IgE dans l’organisme. Les chercheurs se sont cependant rendu compte assez vite qu’il bloquait tous les types d’IgE, incluant ceux associés aux allergies alimentaires. En fait, le médicament augmenterait le seuil de tolérance aux allergènes, ce qui protégerait en quelque sorte la personne allergique d’une exposition accidentelle.

C’est ce que l’on a pu observer dans l’étude OUtMATCH, dont les résultats ont été publiés dans le New England Journal of Medicine le 25 février dernier [4]. Au total, 180 personnes âgées de 1 à 55 ans et présentant une allergie aux arachides et à au moins deux autres aliments (noix de cajou, lait, œufs, noix de Grenoble, blé, noisettes) ont participé à l’étude. Une partie des participants (118 personnes) recevait le XolairMD et l’autre (59 personnes) un placebo, à raison d’une à deux injections par mois pendant 16 à 20 semaines.

Au terme de l’étude, les chercheurs ont observé que parmi les 118 participants ayant reçu le XolairMD, 67 % pouvaient manger l’équivalent de deux à trois arachides (600 mg) sans y réagir, comparativement à seulement 7 % des participants du groupe placebo. Des résultats similaires ont été obtenus avec le blé (75 % vs 13 %), les œufs (67 % vs 0 %), le lait (66 % vs 10 %), les noisettes (65 % vs 14 %), les noix de Grenoble (64 % vs 13 %) et les noix de cajous (41 % vs 3 %).

L’étude OUtMATCH démontre donc l’efficacité du XolairMD à bloquer l’action des IgE. Plus intéressant encore : le médicament neutraliserait simultanément différents types d’IgE, entre autres ceux ciblant les protéines de l’arachide, du lait et des œufs. En pratique, les personnes vivant avec de multiples allergies alimentaires pourraient éventuellement bénéficier du XolairMD.

Le XolairMD est-il sécuritaire ?

Dans le cadre de l’étude OUtMATCH, les effets secondaires associés à l’administration du XolairMD se limitaient à des réactions au site d’injection [4].

Des études antérieures visant à démontrer l’efficacité du XolairMD chez les patients asthmatiques et ceux qui souffrent d’urticaire chronique ont également identifié un risque de réaction allergique (incluant de rares cas d’anaphylaxie) à la suite de l’injection du médicament [1].

Une nouvelle indication pour le XolairMD aux États-Unis

Le 16 février dernier, la Food and Drug Administration, l’agence qui approuve la mise en marché des médicaments aux États-Unis (l’équivalent de Santé Canada), a autorisé la prescription du XolairMD pour prévenir les réactions allergiques sévères chez les personnes de 1 an et plus [3]. Notons que chez nos voisins du Sud, comme chez nous, le médicament était déjà indiqué depuis plusieurs années pour le traitement de l’asthme et l’urticaire chronique.

Et au Canada ?

À l’heure actuelle, le XolairMD n’est toujours pas autorisé au Canada pour diminuer le risque de réactions chez les personnes allergiques. Les médecins ne peuvent donc pas prescrire le médicament pour les allergies alimentaires multiples. Au moment d’écrire ces lignes, aucune demande d’ajout d’indication pour le XolairMD n’avait été soumise par Novartis à Santé Canada.

Quelles sont les prochaines étapes pour le XolairMD ?

Bien que le XolairMD soit prometteur pour réduire le risque de réactions chez les personnes vivant avec des allergies alimentaires, de nombreuses questions subsistent.

Le médicament permet-il de modifier la réponse immunitaire de manière permanente ? Ou, au contraire, les individus allergiques devront-ils le prendre à long terme ?

XolairMD sera-t-il efficace dans le cas d’allergies alimentaires plus rares (p. ex., fraises, pois, bœuf, etc.) ou pour d’autres types d’allergies comme les allergies saisonnières ?

Autant de questions qui demeurent pour le moment sans réponses, mais qui laissent croire qu’un traitement de l’allergie alimentaire n’est plus un souhait irréaliste !

[1]    Novartis Pharma Canada. XolairMD – Monographie de produit. https://www.novartis.com/ca-en/sites/novartis_ca/files/xolair_scrip_f.pdf

 

[2]    Régie de l’assurance maladie du Québec. Liste des médicaments, 6 mars 2024. https://www.ramq.gouv.qc.ca/fr/media/16216

 

[3]    Novartis. (2024, 16 février). FDA approves Xolair (omalizumab) as first and only medicine for children and adults with one or more food allergies. https://www.novartis.com/us-en/news/media-releases/fda-approves-xolair-omalizumab-first-and-only-medicine-children-and-adults-one-or-more-food-allergies

 

[4]    Wood, R. A., Togias, A., Sicherer, S. H., Shreffler, W. G., Kim, E. H., Jones, S. M., Leung, D. Y. M., Vickery, B. P., Bird, J. A., Spergel, J. M., Iqbal, A., Olsson, J., Ligueros-Saylan, M., Uddin, A., Calatroni, A., Huckabee, C. M., Rogers, N. H., Yovetich, N., Dantzer, J., Mudd, K., … Chinthrajah, R. S. (2024). Omalizumab for the Treatment of Multiple Food Allergies. The New England journal of medicine, 390(10), 889–899. https://doi.org/10.1056/NEJMoa2312382