Bières, vins, spiritueux, cocktails et allergies alimentaires

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Les boissons alcoolisées représentent tout un défi pour la personne vivant avec des allergies alimentaires, car la plupart ne comportent pas de liste d’ingrédients. Penchons-nous alors sur l’identification des allergènes sur l’étiquetage de différents produits alcoolisés et les risques qui y sont associés.

Bières

Par définition, la bière est issue de la fermentation du malt par la levure. Le malt est un sucre extrait de céréales, le plus souvent l’orge. D’autres céréales, notamment le blé, peuvent être ajoutées à la recette. Ce faisant, les personnes aux prises avec la maladie cœliaque devraient éviter de consommer de la bière fabriquée à partir de céréales contenant du gluten. Pour les personnes allergiques au blé ou à tout autre aliment, une évaluation au cas par cas s’impose.

Modifications à la réglementation sur l’étiquetage de la bière. Jusqu’à récemment, les normes d’étiquetage des allergènes alimentaires ne s’appliquaient pas à la bière. Mais le 12 avril 2019, des modifications ont été apportées au Règlement sur les aliments et drogues afin de mieux renseigner les consommateurs sur la présence d’allergènes alimentaires, de gluten et de sulfites dans ces boissons alcoolisées. Bonne nouvelle !  Depuis décembre 2022, les fabricants de bière doivent se conformer à l’exigence suivante :

  • Les sources d’allergènes alimentaires, de gluten ou de sulfites dans la bière doivent être déclarées sur l’étiquette, soit dans la liste des ingrédients, soit dans une déclaration de sources d’allergènes alimentaires, de gluten ou de sulfite, c’est-à-dire dans une mention « Contient ».

Les fabricants de bières ne sont toujours pas obligés d’afficher une liste d’ingrédients sur l’étiquette de leurs produits. Mais, s’ils le font volontairement, ils doivent se conformer aux obligations de déclarer les allergènes, les sulfites et les sources de gluten.  S’ils décident de garder leur recette secrète, ils doivent maintenant utiliser la mention « Contient » et déclarer les allergènes prioritaires présents, les sulfites et les sources de gluten.

Les bières de microbrasseries, par l’originalité des recettes, peuvent contenir une variété d’ingrédients autres que des allergènes prioritaires. Il est donc primordial de se renseigner sur la liste des ingrédients avant de consommer ce genre de produit.  Il est également important de se renseigner quant aux risques de contamination croisée au cours de la production lorsque l’on est allergique, par exemple, au sarrasin ou à un fruit particulier.

La plupart des bières contiennent de l’orge malté (gluten). Le mot « malt » ne suffit pas pour renseigner adéquatement les consommateurs. L’étiquette devrait indiquer le nom prescrit de la céréale maltée, que ce soit le blé ou une autre source de gluten comme le seigle ou l’orge, par exemple.

Il existe sur le marché quelques bières sans gluten, par exemple La Glutenberg et La Messagère.

Vin

Il peut a priori paraître impossible d’avoir une réaction allergique en consommant du vin, car, après tout, ce n’est que du raisin fermenté ! Sachez que, le plus souvent, ce sont les sulfites ajoutés et/ou naturellement présents dans les raisins qui sont associés à une sensibilité au vin.

Outre les sulfites, d’autres allergènes peuvent entrer en contact avec cette boisson. Il arrive que du lait, des œufs ou encore du poisson soient ajoutés au vin à titre d’agent de collage. Or, selon Santé Canada, puisque la plupart des producteurs de vins procèdent à une étape de filtration après l’ajout des agents de collage, ces vins seraient sécuritaires pour la grande majorité des personnes allergiques au lait, aux œufs et au poisson. Cependant, si un allergène est indiqué sur une étiquette de vin, c’est que le viticulteur a évalué qu’il y a un risque réel de présence d’allergène résiduel dans son vin. Ces informations sont donc toujours à prendre au sérieux.

Pour plus d’informations sur les allergènes dans le vin, consultez notre article.

Spiritueux

Bien qu’à l’origine, des pommes de terre étaient utilisées pour fabriquer la vodka, seulement 3 % du volume mondial est aujourd’hui produit selon la méthode traditionnelle. En fait, comme pour la majorité des boissons à haute teneur en alcool, ce sont les grains et céréales qui sont le plus souvent utilisés. Par exemple, la vodka est souvent fabriquée à partir de la distillation du blé.

En plus des céréales, certaines noix peuvent se retrouver dans la composition des spiritueux. C’est notamment le cas de l’amaretto et même de certains gins. Des boissons contiennent également de la crème et sont donc à éviter par les personnes allergiques aux produits laitiers.

Le rhum et la téquila figurent parmi les boissons dont l’ingrédient de base est peu associé aux allergies alimentaires. En effet, le sucre de canne sert à la production du rhum et le fruit de l’agave est utilisé pour la téquila.

Il est à noter que le processus de distillation permet normalement d’obtenir un produit exempt ou presque de protéines (moins de 1 mg/L). Un alcool distillé, comme le bourbon, whisky, brandy, gin, rhum, tequila et vodka dont la méthode de production est adéquate et auquel aucun ingrédient n’a été ajouté à la suite du processus de distillation, ne devrait pas présenter de risque pour la plupart des personnes allergiques. Il convient toutefois de faire les vérifications nécessaires auprès de la compagnie qui fabrique l’alcool en question, et d’en discuter avec son allergologue.

Lorsque vous sortez au restaurant ou êtes reçus chez de la famille ou des amis, gardez en tête que certaines sauces et recettes contiennent des alcools et, aussi minime la quantité soit-elle, cela peut être suffisant pour causer une réaction allergique advenant la présence de l’allergène dans l’alcool en question.

En terminant, il est important de mentionner qu’outre leurs ingrédients, les boissons alcoolisées représentent d’autres risques pour la personne allergique. Tout d’abord, la consommation d’alcool est un cofacteur de l’anaphylaxie, c’est-à-dire qu’elle peut augmenter le risque qu’une réaction allergique survienne et/ou qu’elle soit plus sévère. De plus, une surconsommation d’alcool entraîne une diminution de la vigilance qui pourrait amener la personne allergique à prendre des risques en matière de consommation d’aliments qu’elle ne prendrait jamais d’ordinaire. Ce conseil est d’autant plus important pour les adolescents qui, lors de leurs premières expériences en matière d’alcool, peuvent avoir de la difficulté à identifier leur niveau de tolérance. Rappelons-nous l’éternel dicton : « la modération a bien meilleur goût » !

Cocktails

Note : la liste de nos exemples n’est pas exhaustive.

On nous rapporte des cas d’anaphylaxie reliés aux allergènes dans les cocktails, notamment en raison de la présence d’œufs crus dans certains d’entre eux.

Soyez vigilants ! Pour les personnes allergiques aux œufs, les « sours » peuvent s’avérer problématiques, notamment le Pisco sour, le Whisky sour et l’Amaretto sour, car leur texture mousseuse provient parfois du blanc d’œuf. Notons aussi que le lait de poule pose problème, non seulement pour les personnes allergiques aux produits laitiers, mais également pour celles qui réagissent aux œufs.

Pour ceux et celles qui sont allergiques aux produits laitiers, la même vigilance est de mise. Évitez les Margaritas faits à partir d’un mélange commercial, les White Russian et les Pina Colada, entre autres.

Il est aussi connu que les boissons de type Clamato contient des fruits de mer et pourrait se retrouver dans des cocktails de jus de tomates ou autres recettes maison.

Gardez également à l’esprit que la contamination croisée peut être un enjeu, selon la boisson choisie et les pratiques de l’établissement. Les recettes qui ne requièrent ni mélangeur ni brassage à la cuillère sont donc à privilégier si vous vivez avec des allergies alimentaires. Selon vos allergies, pensez aussi à la garniture ajoutée à votre verre, qui pourrait éventuellement être contaminée par des allergènes lorsqu’elle entre en contact avec la planche et le couteau employés pour la couper.