Bières, vins, spiritueux, cocktails et allergies alimentaires
- 24 novembre 2021
Les boissons alcoolisées représentent tout un défi pour la personne vivant avec des allergies alimentaires, car la plupart ne comportent pas de liste d’ingrédients. Penchons-nous alors sur l’identification des allergènes sur l’étiquetage de différents produits alcoolisés et les risques qui y sont associés.
Bières
Par définition, la bière est issue de la fermentation du malt par la levure. Le malt est un sucre extrait de céréales, le plus souvent l’orge. D’autres céréales, notamment le blé, peuvent être ajoutées à la recette. Ce faisant, les personnes aux prises avec la maladie cœliaque devraient éviter de consommer de la bière fabriquée à partir de céréales contenant du gluten. Pour les personnes allergiques au blé ou à tout autre aliment, une évaluation au cas par cas s’impose.
Modifications à la réglementation sur l’étiquetage de la bière. Jusqu’à récemment, les normes d’étiquetage des allergènes alimentaires ne s’appliquaient pas à la bière. Mais le 12 avril 2019, des modifications ont été apportées au Règlement sur les aliments et drogues afin de mieux renseigner les consommateurs sur la présence d’allergènes alimentaires, de gluten et de sulfites dans ces boissons alcoolisées. Les fabricants de bière ont jusqu’au 13 décembre 2022 pour se conformer à l’exigence suivante :
- Les sources d’allergènes alimentaires, de gluten ou de sulfites dans la bière doivent être déclarées sur l’étiquette, soit dans la liste des ingrédients, soit dans une déclaration de sources d’allergènes alimentaires, de gluten ou de sulfite, c’est-à-dire dans une mention « Contient ».
Les fabricants de bières sont toujours exemptés de l’obligation d’afficher une liste d’ingrédients sur l’étiquette de leurs produits.
Dans le doute, et surtout jusqu’au 13 décembre 2022, il est donc préférable de vérifier auprès du fabricant la présence d’allergènes alimentaires, de gluten ou de sulfites dans la bière que vous voulez consommer.
Quelques bières sans gluten : Glutenberg, La Messagère
Vin
Il peut a priori paraître impossible d’avoir une réaction allergique en consommant du vin, car, après tout, ce n’est que du raisin fermenté ! Sachez que, le plus souvent, ce sont les sulfites ajoutés et/ou naturellement présents dans les raisins qui sont associés aux réactions allergiques au vin.
Outre les sulfites, d’autres allergènes peuvent entrer en contact avec cette boisson. Il arrive que du lait, des œufs ou encore du poisson soient ajoutés au vin à titre d’agent de collage. Or, selon Santé Canada, puisque la plupart des producteurs de boissons alcoolisées procèdent à une étape de filtration après l’ajout des agents de collage, ces boissons sont sécuritaires pour la grande majorité des personnes allergiques au lait, aux œufs et au poisson.
Pour plus d’informations sur les allergènes dans le vin, consultez notre article.
Spiritueux
Bien qu’à l’origine, des pommes de terre étaient utilisées pour fabriquer la vodka, seulement 3 % du volume mondial est aujourd’hui produit selon la méthode traditionnelle. En fait, comme pour la majorité des boissons à haute teneur en alcool, ce sont les grains et céréales qui sont le plus souvent utilisés. Par exemple, la vodka est souvent fabriquée à partir de la distillation du blé.
En plus des céréales, certaines noix peuvent se retrouver dans la composition des spiritueux. C’est notamment le cas de l’amaretto et même de certains gins. Des boissons contiennent également de la crème et sont donc à éviter par les personnes allergiques aux produits laitiers.
Le rhum et la téquila figurent parmi les boissons dont l’ingrédient de base est peu associé aux allergies alimentaires. En effet, le sucre de canne sert à la production du rhum et le fruit de l’agave est utilisé pour la téquila.
Vos enfants vivent avec des allergies alimentaires et vous croyez que ces précautions ne vous concernent pas ? Attention ! Certaines sauces et recettes contiennent ou requièrent des alcools et, aussi minime la quantité soit-elle, cela peut être suffisant pour causer une réaction allergique advenant la présence de l’allergène dans la boisson en question.
En terminant, il est important de mentionner qu’outre leurs ingrédients, les boissons alcoolisées représentent un autre risque pour la personne allergique. Une surconsommation d’alcool entraîne en effet une diminution de la vigilance qui pourrait amener la personne allergique à prendre des risques en matière de consommation d’aliments qu’elle ne prendrait jamais d’ordinaire. Ce conseil est d’autant plus important pour les adolescents qui, lors de leurs premières expériences en matière d’alcool, peuvent avoir de la difficulté à identifier leur niveau de tolérance. Rappelons-nous l’éternel dicton : « la modération a bien meilleur goût » !
Cocktails
Note : la liste de nos exemples n’est pas exhaustive.
On nous rapporte des cas d’anaphylaxie reliés aux allergènes dans les cocktails, notamment en raison de la présence d’œufs crus dans certains d’entre eux.
Soyez vigilants ! Pour les personnes allergiques aux œufs, les « sours » peuvent s’avérer problématiques, notamment le Pisco sour, le Whisky sour et l’Amaretto sour, car leur texture mousseuse provient parfois du blanc d’œuf. Notons aussi que le lait de poule pose problème, non seulement pour les personnes allergiques aux produits laitiers, mais également pour celles qui réagissent aux œufs.
Pour ceux et celles qui sont allergiques aux produits laitiers, la même vigilance est de mise. Évitez les Margaritas faits à partir d’un mélange commercial, les White Russian et les Pina Colada, entre autres.
Gardez également à l’esprit que la contamination croisée peut être un enjeu, selon la boisson choisie et les pratiques de l’établissement. Les recettes qui ne requièrent ni mélangeur ni brassage à la cuillère sont donc à privilégier si vous vivez avec des allergies alimentaires. Selon vos allergies, pensez aussi à la garniture ajoutée à votre verre, qui pourrait éventuellement être contaminée par des allergènes lorsqu’elle entre en contact avec la planche et le couteau employés pour la couper.
Références
Brown, Amy. 2004 « Desserts and Beverages ». In Understanding Food Principles and Preparation, 2e ed., p. 507-516. Belmont, E-U : Thomson Wadsworth.
Jean-Marc Gélinas, évaluateur scientifique, Santé Canada
Stéphanie Pernice Dt.P, nutritionniste