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Les mystères du SEIPA chez l’adulte

Seipa adulte

On a longtemps considéré le SEIPA comme une maladie de l’enfance. Pourtant, le syndrome semble affecter aussi les adultes.

Le SEIPA, une forme d’allergie alimentaire qui touche surtout les nouveau-nés et les jeunes enfants, a fait l’objet de plusieurs recherches au cours des dernières années. Celles-ci ont d’ailleurs mené à la publication de lignes directrices visant à aider les professionnels de la santé dans l’établissement d’un diagnostic et dans la prise en charge de la maladie [1]. Mais que sait-on du syndrome chez l’adulte ?

Quelques mots sur le SEIPA

Le syndrome de l’entérocolite induite par les protéines alimentaires, ou SEIPA, se caractérise par une réponse anormale du système immunitaire au contact des protéines contenues dans certains aliments. Contrairement aux allergies alimentaires médiées par les IgE, qui affectent plusieurs systèmes et qui sont susceptibles d’entraîner une anaphylaxie, l’hypersensibilité alimentaire associée au SEIPA concerne surtout le tractus gastro-intestinal et ne fait pas intervenir les systèmes respiratoire et cutané.

Le syndrome touche surtout les enfants. Les premiers symptômes apparaissent généralement entre une et quatre heures après l’ingestion de l’aliment allergène [1]. Dans la majorité des cas, le jeune développera éventuellement une tolérance aux aliments provoquant le SEIPA avant d’atteindre l’adolescence. La résolution du syndrome dépendra cependant de l’aliment en cause [1]. Par exemple, la tolérance au lait de vache est habituellement acquise plus tôt que celle aux céréales.

Les particularités du SEIPA chez l’adulte

À première vue, la présentation du SEIPA chez l’adulte ressemble à celle observée chez l’enfant. Dans les deux populations, le syndrome se manifeste généralement par des vomissements importants et de la diarrhée, parfois accompagnés de léthargie [1, 3]. Les crampes abdominales douloureuses constitueraient cependant le principal symptôme chez les adultes [4].*

Les aliments en cause sont également différents dans les deux groupes. Les crustacés constituent le groupe alimentaire le plus souvent associé au développement d’un SEIPA chez l’adulte, suivis des produits laitiers, du blé et des œufs [3, 4, 5, 6]. Chez les enfants, on parle plutôt du lait de vache, des céréales, du soya, du poisson, de l’œuf et de la volaille [1, 2].

Une autre particularité du SEIPA chez l’adulte est son apparition tardive. Chez l’enfant, même s’il peut apparaitre après une période de tolérance, le trouble se manifeste habituellement dès l’introduction des premiers aliments [1]. La situation diffère toutefois chez les adultes, qui pouvaient généralement consommer l’aliment allergène sans problème avant de développer le trouble [4]. L’âge moyen du déclenchement du SEIPA chez l’adulte varie selon les études, soit entre 28 et 38,5 ans [3, 4, 5, 7].

Enfin, les femmes seraient davantage touchées par le SEIPA que les hommes dans la population adulte, alors que la tendance s’inverserait chez les enfants [3, 4, 8]. Certains ont d’ailleurs avancé l’hypothèse d’une possible cause hormonale dans le développement du SEIPA chez l’adulte [5, 7]. Cette avenue n’a cependant pas été confirmée à ce jour.

Un syndrome possiblement persistant

Il n’est toujours pas clair si le SEIPA qui se manifeste à l’âge adulte persiste ou non dans le temps. Les données sur le sujet sont encore trop peu nombreuses pour en tirer des conclusions claires.

Par exemple, dans un groupe de 25 adolescents et adultes ayant vraisemblablement développé un SEIPA, des chercheurs espagnols ont constaté l’acquisition d’une tolérance chez seulement quatre participants [5]. Parmi ceux-ci, la résolution du SEIPA a été observée en moyenne trois ans après l’apparition des premiers symptômes. Le quatrième participant a cependant dû patienter 21 ans pour voir le syndrome disparaître.

En terminant, mentionnons que le diagnostic du SEIPA, que ce soit chez l’adulte ou chez l’enfant,  se base en grande partie sur l’histoire clinique de la personne, ses symptômes et la reproductibilité des réactions, puisqu’il n’existe aucun test validé qui permet de diagnostiquer la maladie [4]. Le diagnostic peut aussi prendre du temps à être établi, puisque le syndrome est souvent confondu avec d’autres maladies comme la gastro-entérite, l’intolérance au lactose ou les maladies inflammatoires de l’intestin. Dans ce contexte, si vous pensez avoir développé un SEIPA ou présentez des symptômes associés, mieux vaut vous tourner vers un médecin pour faire évaluer votre condition.

 

*Note : les études citées ne distinguent pas le SEIPA aiguë du SEIPA chronique chez l’adulte. Consultez cette page, pour plus d’information sur la distinction entre le SEIPA aiguë et le SEIPA chronique.

Références

[1]       Leonard, S. A., Pecora, V., Fiocchi, A. G. et Nowak-Wegrzyn, A. (2018). Food protein-induced enterocolitis syndrome: a review of the new guidelines. World Allergy Organization Journal, 11, 4. https://doi.org/10.1186/s40413-017-0182-z

 

[2]       Mehr, S., Frith, K. et Campbell, D. E. (2014). Epidemiology of food protein-induced enterocolitis syndrome. Current Opinion in Allergy and Clinical Immunology, 14(3), 208–216. https://doi.org/10.1097/ACI.0000000000000056

 

[3]       Du, Y. J., Nowak-Węgrzyn, A. et Vadas, P. (2018). FPIES in adults. Annals of Allergy, Asthma & Immunology, 121(6), 736–738. https://doi.org/10.1016/j.anai.2018.08.003  

 

[4]       Crespo, J., Skrabski, F., Pérez-Pallise, M. E., De Castro-Martínez, F. J., Zubeldia, J. M. et Infante, S. (2021). Relevant features of adult-onset food protein-induced enterocolitis syndrome. The Journal of Allergy and Clinical Immunology. In Practice, 9(4), 1759–1760.e1. https://doi.org/10.1016/j.jaip.2020.11.047   

 

[5]       Gonzalez-Delgado, P., Caparrós, E., Moreno, M. V., Cueva, B. et Fernández, J. (2019). Food protein-induced enterocolitis-like syndrome in a population of adolescents and adults caused by seafood. The Journal of Allergy and Clinical Immunology. In practice, 7(2), 670–672. https://doi.org/10.1016/j.jaip.2018.07.028

 

[6]       Prattico, C., Mulé, P. et Ben-Shoshan, M. (2023). A Systematic Review of Food Protein-Induced Enterocolitis Syndrome. International Archives of Allergy and Immunology, 184(6), 567–575. https://doi.org/10.1159/000529138

 

[7]       Li, D. H., Wong-Pack, A., Macikunas, A. L. et Kim, H. (2020). Adults with possible food protein-induced enterocolitis syndrome with crustacean ingestion. Allergy, Asthma, and Clinical Immunology, 16(1), 99. https://doi.org/10.1186/s13223-020-00497-z  

 

[8]       Su, K. W., Patil, S. U., Stockbridge, J. L., Martin, V. M., Virkud, Y. V., Huang, J. L., Shreffler, W. G. et Yuan, Q. (2020). Food aversion and poor weight gain in food protein-induced enterocolitis syndrome: A retrospective study. The Journal of allergy and clinical immunology145(5), 1430–1437.e11. https://doi.org/10.1016/j.jaci.2020.01.001