Camps d’été et allergies alimentaires en 10 questions

Entrevue réalisée par Anne-Marie-Hamel, rédactrice à l’Allergies Québec

Envoyer son enfant dans un camp d’été pour la première fois peut être une expérience insécurisante pour tout parent. C’est une étape d’autant plus préoccupante pour ceux qui composent avec les allergies alimentaires.

Nous avons récemment discuté avec Chloé Malençon-Beauséjour, coordonnatrice aux communications et marketing de l’Association des camps du Québec, pour démystifier l’accueil des enfants allergiques dans les camps membres de cette même association.

Quel est le rôle de l’Association des camps de jours du Québec?

Un de ses rôles principaux est de veiller à ce que les 60 normes qu’elle a établies soient appliquées par les camps membres. Ces normes portent sur des points allant de la formation des instructeurs à la qualité des menus aux procédures en cas d’urgence. Après l’inspection initiale du camp, l’association suit un protocole de vérification applicable à tous les trois ans (et lors de modifications importantes comme un changement à la tête de direction du camp ou encore lorsque ce dernier adopte une nouvelle mission), veillant ainsi à ce que les normes sont respectées.

L’association offre également des ressources aux familles et aux camps qui les accueillent. ‘’Une section de notre site Internet s’adresse aux parents, elle peut entre autres les guider dans leur choix de camps et les aider à préparer leur enfant pour le camp’’. 

Où les parents devraient-ils commencer lorsqu’ils sont à la recherche d’un camp pour leur enfant allergique?

Il n’y a pas de camps spécialisés pour enfants allergiques, même si certains ont mis en place une politique d’interdiction de noix et d’arachides. En principe, tous les camps sont en mesure d’accueillir les enfants composant avec des allergies alimentaires et ils sont habitués de le faire. L’intégration des enfants allergiques dans les camps est un phénomène courant.

Fournissez-vous des outils aux camps pour faciliter l’intégration des enfants vivant avec des allergies alimentaires?

Oui. Sur notre site Internet se trouve une section sur l’intégration des campeurs aux besoins particuliers, avec des outils concernant l’accueil des campeurs ayant des allergies alimentaires ou intolérances graves. 

Cette section est d’ailleurs en révision grâce à un travail commun des deux associations et des mises à jour importantes seront apportées au contenu au cours des prochains mois.

Est-ce que certaines des 60 normes de votre association visent l’accueil des enfants allergiques?

Oui, l’une d’entre elles oblige les camps à demander si l’enfant inscrit a des allergies, cette question fait partie d’une fiche de santé détaillée. C’est le premier stade d’accueil de l’enfant. L’idée d’une norme complète encadrant les allergies alimentaires et l’anaphylaxie sera d’ailleurs étudiée.

Comment un parent peut-il faciliter l’accueil de son enfant allergique?

En remplissant la fiche de santé, le parent doit fournir le plus de détails possible sur l’allergie ou les allergies de son enfant. Outre lister les allergènes, il devrait préciser si les allergies sont reliées uniquement à la consommation ou également au contact et à l’odeur des aliments. Est-ce que l’allergène déclenche un choc anaphylactique ou plutôt un inconfort? Le parent devrait aussi détailler le plan d’urgence habituel mis en place lorsque l’enfant consomme ou est en contact accidentel avec un allergène.

De plus, avant le séjour, il est important de s’informer auprès du camp concernant la préparation des repas. Dans certains cas, tous les enfants apportent un lunch, dans d’autres cas, un service de traiteur ou une cafétéria permettent de servir des repas aux enfants directement sur place. Selon le nombre d’allergies et la sévérité de celle-ci, certaines cuisines pourraient accepter de retirer l’aliment du menu pendant le séjour du campeur. Si ce n’est pas possible, l’enfant pourra apporter sa propre nourriture ainsi que ses propres couverts, napperons et produits pour nettoyer la table, etc.

Quelle est la formation des instructeurs?

Les instructeurs des camps de jours reçoivent 50 heures de formation et ceux de camps de vacances 60 heures. Une partie de cette formation est consacrée aux premiers soins, notamment aux réactions allergiques. Les instructeurs apprennent à reconnaître les signes d’une réaction allergique, la manière de la traiter et s’entraînent à utiliser les auto-injecteurs.

Est-ce que l’une de vos 60 normes porte sur la proximité du camp à un centre hospitalier?

Nous n’avons pas de norme concernant la proximité à un centre hospitalier. Par contre, nos normes exigent que chacun des sites de camp établisse des procédures de mesures d’urgence adaptées à leur milieu.

Dans le cas des camps de vacances, y a-t-il des auto-injecteurs sur place?

L’enfant doit apporter au moins deux auto-injecteurs au camp, en garder un sur lui et l’autre est conservé à l’infirmerie. Plusieurs infirmeries possèdent des auto-injecteurs, mais il ne s’agit pas d’une norme. Depuis le printemps 2015 toutefois, une entente entre Epipen MD et l’Association des camps du Québec permet aux camps membres de se procurer à un prix avantageux un auto-injecteur au commun, pouvant être administré en cas de besoin.

Les camps offrent-ils des journées portes ouvertes?

Oui, elles ont lieu au printemps. C’est l’occasion de poser le plus de questions possible, les camps y sont ouverts. Dans le cas des camps de vacances, les parents sont invités à visiter les installations avant le séjour de l’enfant.

Quand doit-on s’inscrire aux camps?

Les inscriptions commencent souvent au mois de février et les places sont comblées rapidement, dans le cas des camps à vocation spécialisée (comme les camps de cirque). Généralement, il est possible de s’inscrire en mai et tout au long de l’été, s’il reste des places.

Malgré le fait que le camp soit souvent perçu comme un service offert pour s’occuper des enfants pendant que leurs parents travaillent, selon Chloé Malençon-Beauséjour, il s’agit d’un cadeau pour les jeunes, une chance formidable de vivre de nouvelles expériences, de rencontrer de nouvelles personnes et de changer de milieu. Elle ajoute : « Ce serait bien dommage qu’un enfant allergique en soit privé, surtout que les camps sont aptes à l’accueillir ».