Lorsque l’allergie alimentaire perturbe le couple

Par Katia Vermette, rédactrice

Avec la collaboration de Dre Anne-Pier Voyer, Ph. D., stagiaire postdoctorale en psychologie de la santé au SickKids Hospital de Toronto.

En février, le couple est à l’honneur. Eh oui! L’amour est sur toutes les lèvres et on propulse, l’espace d’un moment, le romantisme au sommet des incontournables d’une relation amoureuse réussie. Mais la Saint-Valentin n’est souvent qu’une parenthèse à une vie remplie d’épreuves qu’un couple doit traverser au quotidien. Épreuves dont l’allergie alimentaire fait malheureusement partie.

La nourriture représente un aspect important de nos interactions avec les autres. On se retrouve pour un souper entre amis, on visite nos parents pour le traditionnel repas du dimanche, on se raconte notre journée autour de la table le soir venu. Au fil du temps, la nourriture est devenue un élément central de nos relations amicales, familiales et amoureuses.

Pour les familles qui doivent composer au quotidien avec la réalité des allergies alimentaires, la situation est cependant bien différente. Pour ces familles, la nourriture représente un risque. Ainsi, que l’allergie touche un enfant ou l’un des parents, elle apporte son lot de stress, un sentiment profond d’anxiété et parfois même de la culpabilité.

Dans cette optique, l’allergie alimentaire modifie la qualité de vie des familles. Désireux de creuser le sujet, Elizabeth E. Springston et ses collaborateurs ont demandé à 1 126 parents d’enfants allergiques de répondre à un questionnaire visant à mesurer l’impact des allergies alimentaires chez les enfants par rapport à la qualité de vie des parents[1]. Les chercheurs ont conclu que les allergies alimentaires diminuaient la qualité de vie relativement à plusieurs aspects liés à la famille (activités sociales, préoccupations en lien avec la santé, etc.), notamment en raison du stress découlant de la peur d’une réaction allergique.

Dans bien des cas, le stress et l’anxiété liés à la présence d’allergies alimentaires au sein d’une famille iront souvent jusqu’à ébranler l’équilibre du couple. En effet, lors de l’annonce d’un diagnostic d’allergie, les conjoints traverseront plusieurs phases avant d’accepter la situation (ex. : choc, déni, colère). Mais, comme le mentionne Dre Voyer, « chaque membre du couple n’ira évidemment pas au même rythme, et cela pourra être la source de conflits ».

Le couple et la gestion des allergies alimentaires

Lorsqu’il est question d’allergies alimentaires, les sources de conflits potentiels au sein du couple sont nombreuses : préparation des repas, contamination croisée, achat des aliments à l’épicerie, perception différente du risque associé à l’allergie alimentaire, etc. La solution réside, dans bien des cas, dans la communication et dans le respect mutuel entre les conjoints.

Ainsi, le couple gagnera à s’informer sur la réalité des allergies alimentaires, les enjeux et les risques associés. Chaque conjoint devra toutefois respecter l’autre dans son processus d’acceptation. « Quelqu’un en phase de déni, par exemple, entendra l’information, mais sera difficilement en mesure d’en faire plus », précise Dre Voyer. L’information relative à la gestion des allergies alimentaires sera intégrée au fur et à mesure que les étapes de l’acceptation seront franchies.

Et quoi faire au quotidien?

Que ce soit suite à l’annonce d’un diagnostic d’une allergie alimentaire ou lorsque l’on doit composer au quotidien avec cette réalité, les familles gagnent à ce que les couples demeurent forts et unis. Dans cette perspective, Dre Voyer propose quelques pistes de solution :

  • Évitez de prendre toutes les responsabilités relativement à la gestion des allergies alimentaires. Il arrive parfois que l’un des conjoints ait de la difficulté à déléguer, surtout s’il est question des allergies alimentaires de son enfant. Ce faisant, l’autre conjoint pourrait penser qu’on ne lui fait pas confiance et se retirer peu à peu de la gestion des allergies alimentaires.
  • Misez sur les forces de chaque conjoint pour partager les tâches liées à la gestion des allergies alimentaires de l’enfant (ou du conjoint).
  • Écoutez-vous et prenez soin de vous. Acceptez le fait que vous puissiez être imparfait et demandez de l’aide à votre conjoint, aux membres de votre famille et à vos amis.
  • Communiquez. Comme dans toute épreuve, la communication constitue un élément hautement important dans le couple. La discussion évite l’accumulation de frustrations qui pourraient avoir des conséquences à long terme. Parfois, le simple fait d’échanger avec votre conjoint sur votre perception des choses et sur vos craintes face aux allergies alimentaires suffira à désamorcer une crise potentielle.
  • Maintenez un équilibre entre une gestion efficace des allergies alimentaires et un bon ajustement psychosocial.Ne laissez pas l’anxiété dicter le degré de vigilance nécessaire pour limiter le risque d’une réaction allergique.
  • Informez-vous aux bons endroits. Profitez-en pour échanger avec d’autres couples qui vivent la même chose que vous. Il existe aussi une multitude d’organismes et de groupes de soutien, comme Allergies Québec, qui offrent information et support aux personnes vivant avec des allergies alimentaires. Composez 514-990-2575 poste 204 pour parler à une nutritionniste spécialisée en allergies alimentaires. C’est un service gratuit.
  • Au besoin, consultez un professionnel. Si vous sentez que votre couple a de la difficulté à s’adapter aux allergies alimentaires des membres de votre famille, n’hésitez pas à demander de l’aide. Allergies Québec a récemment formé une dizaine de psychologues pour mieux répondre aux besoins des personnes allergiques. 
  • En terminant, profitez des jours qui viennent pour vous accorder une pause à deux. Passez du temps en amoureux, décrochez du quotidien, ayez du plaisir. Que ce soit à l’occasion de la Saint-Valentin ou non, toutes les occasions sont bonnes pour se retrouver et prendre soin de son couple.

Bonne Saint-Valentin!