Les allergènes alimentaires dans le vin

Par Katia Vermette

Le temps des fêtes est à nos portes et, avec lui, les rassemblements en famille et entre amis se multiplient. Ces réunions sont l’occasion parfaite pour prendre un verre de vin en bonne compagnie afin de célébrer l’année qui se termine et accueillir celle qui s’en vient.

Mais saviez-vous que certains vins sont susceptibles de contenir des allergènes alimentaires?

Depuis 2012 au Canada, l’entrée en vigueur du Règlement améliorant l’étiquetage des allergènes alimentaires, des sources de gluten et des sulfites ajoutés a permis à des milliers de personnes vivant avec une allergie alimentaire ou la maladie cœliaque de faire des choix alimentaires éclairés afin de limiter le risque de réactions. Malgré tout, certains questionnements demeurent, notamment en ce qui concerne la présence possible d’allergènes alimentaires dans le vin.

Peut contenir des œufs, du lait ou du poisson…

Vous avez peut-être déjà remarqué que l’étiquette de certains vins vendus au Canada porte la mention « Peut contenir du lait, des œufs ou du poisson ». C’est que les vins sont assujettis à la réglementation sur l’étiquetage des allergènes alimentaires. Ainsi, l’étiquette apposée sur la bouteille de vin doit identifier la présence d’allergènes alimentaires, lorsque le produit fini est susceptible d’en contenir.

Évidemment, les vins ne sont pas fabriqués à partir d’allergènes prioritaires. Par contre, il est possible que des protéines alimentaires, souvent dérivées d’aliments tels que le lait (caséine), l’œuf (ovalbumine) ou le poisson (ichtyocolle), soient ajoutées au vin en cours de fabrication. Cette étape de la vinification, appelée collage, permet notamment d’éliminer les particules en suspension dans le vin afin d’éviter, par exemple, que le liquide soit opaque et que des dépôts se forment dans le produit fini.

Il faut savoir que la plupart des vins vendus au Canada sont filtrés après l’étape de collage, ce qui assure l’élimination les particules en suspension dans le liquide, y compris des protéines allergènes utilisées comme agent de collage. Selon Santé Canada, « l’utilisation d’agents de collage dérivés de sources d’allergènes alimentaires au cours de la production du vin respectant les bonnes pratiques de fabrication ne devrait pas mener à la fabrication d’un produit susceptible de constituer un risque pour la santé des consommateurs allergiques aux œufs, au lait ou au poisson »[1]. Ainsi, seuls les vins pouvant contenir des quantités significatives d’allergènes alimentaires, par exemple s’ils n’ont pas été filtrés, doivent montrer la mention « Peut contenir » sur l’étiquette.

… et des sulfites

On appelle sulfitage l’étape de vinification qui consiste à ajouter des sulfites au vin afin de prévenir sa dégradation et conserver sa qualité. Le problème, c’est que certaines personnes réagissent plus ou moins sévèrement aux sulfites et présenteront des symptômes tels que des maux de tête et des troubles respiratoires après avoir consommé un vin qui en contient.

Afin de mieux informer les personnes qui réagissent aux sulfites, Santé Canada exige donc, depuis 2012, que la présence de l’agent de conservation soit mentionnée sur l’étiquette des vins, et ce, lorsque la quantité est égale ou supérieure à 10 parties par millions (ppm). Dans ce cas, l’étiquette du vin doit porter la mention « Contient des sulfites ».

L’exception à la règle : les vins millésimés

Dans le jargon vinicole, le millésime correspond à l’année de vendange du raisin utilisé dans la fabrication d’un vin. Les vins sont dits « millésimés » lorsque tous les raisins ont été vendangés la même année, ce qui en fait des produits uniques qui peuvent demeurer plusieurs années sur les tablettes avant d’être vendus, puis consommés. Ce sont souvent des vins que l’on fait vieillir ou que l’on collectionne. Il devient donc difficile d’exiger aux fabricants de modifier l’étiquette de leurs vins lorsque ces derniers sont en magasin depuis plusieurs années.

Ainsi, contrairement à la plupart des vins, ceux qui sont millésimés et qui ont été produits avant l’entrée en vigueur de la réglementation sur l’étiquetage des allergènes alimentaires en 2012 n’y sont pas assujettis. Ils n’ont donc pas à déclarer la présence de sulfites ou d’allergènes alimentaires, et ce, même si le produit en contient.

Selon Santé Canada toutefois, si le fabricant de vin respecte les bonnes pratiques de fabrication, ce qui inclue par exemple une étape de filtration, son produit ne devrait pas présenter de risque pour les personnes vivant avec des allergies alimentaires, que le vin soit ou non millésimé. En ce qui concerne plus spécifiquement les sulfites, il est cependant raisonnable de croire que la plupart des vins millésimés en contiennent, en raison de la durée de conservation présumée de ces produits. Si vous réagissez aux sulfites, optez pour des vins biologiques ou pour ceux qui portent la mention « sans sulfites ajoutés ».

Quoi qu’il en soit, la prudence est toujours de mise avec les allergies alimentaires, même lorsqu’il s’agit de choisir son vin. Alors que certaines personnes allergiques préfèreront éviter les vins millésimés, d’autres décideront d’aborder le sujet avec leur allergologue. À vous de choisir l’approche qui vous convient le mieux.

Joyeuses fêtes et à votre santé!

[1] Santé Canada. (2012, avril). Vins millésimés et application du règlement améliorant l’étiquetage des allergènes [PDF]. Repéré à https://www.canada.ca/content/dam/hc-sc/migration/hc-sc/fn-an/alt_formats/pdf/label-etiquet/allergen/vintage-wine-vin-millesimes-fra.pdf