Les vertus du curcuma pourraient-elles s’étendre aux allergies alimentaires?

Par Katia Vermette, rédactrice

Le curcuma est une épice aux mille vertus. Depuis plus de 4 000 ans, on s’en sert pour stimuler la digestion, traiter les douleurs rhumatismales et conserver la fraîcheur et la saveur des aliments. Mais les propriétés médicinales du curcuma ne s’arrêteraient pas là.

La curcumine : modulateur du système immunitaire?

Les vertus médicinales du curcuma seraient en grande partie associées aux curcuminoïdes qu’il contient. Il s’agit de puissants antioxydants qui confèrent à l’épice sa couleur jaune-orangé. Parmi les antioxydants retrouvés dans le curcuma, c’est la curcumine qui se démarque du point de vue pharmacologique avec ses nombreuses propriétés : antioxydantes, anti-inflammatoires, anticancéreuses et antimicrobiennes.

Au cours des dernières années, plusieurs études ont mis en évidence le rôle probable de la curcumine dans la modulation du système immunitaire chez les animaux. L’antioxydant serait notamment efficace pour réduire l’intensité des symptômes de rhinite allergique chez les cochons d’Inde [1] et diminuer l’inflammation dans les poumons de souris sensibilisés au latex [2]. De plus, la curcumine tend à réduire les symptômes d’asthme chez la souris.

Et l’allergie alimentaire dans tout cela?

Bien qu’elles n’aient été observées que chez l’animal, les données disponibles jusqu’à maintenant nous laissent croire que la curcumine atténuerait les symptômes de certaines maladies immunitaires, parmi lesquelles on retrouve l’allergie alimentaire. L’antioxydant agirait plus précisément en inhibant la réponse Th2 (associée au développement de l’allergie) et la production de mastocytes (cellules qui provoquent la libération d’histamine et autres molécules à l’origine des réactions allergiques).

Plus précisément, des chercheurs ont mis en évidence que, chez la souris allergique, l’ingestion de curcumine lors de l’administration d’un allergène entraînait une modulation de la réponse immunitaire au niveau de la muqueuse intestinale [3]. Ce faisant, la dégranulation des mastocytes était évitée, tout comme la réaction anaphylactique localisée à l’intestin. La curcumine pourrait donc inhiber une réaction allergique, du moins c’est ce que l’on observe chez la souris.

Le curcuma montre-t-il des résultats similaires?

On a parlé jusqu’ici de l’effet de la curcumine sur la réponse allergique. Mais qu’en est-il du curcuma? Chez la souris, l’épice indienne atténuerait les symptômes d’allergie par des mécanismes similaires à la curcumine. Par contre, la combinaison des nombreuses molécules contenues dans le curcuma aurait un effet synergique, ce qui contribuerait en plus à balancer les réponses Th1/Th2, toujours chez la souris [4]. Des recherches plus poussées seront cependant nécessaires pour confirmer ces résultats.

Prochaine étape : les recherches chez l’humain

Les résultats présentés ici sont pour le moins intéressants pour ceux qui vivent avec des allergies alimentaires. Il est cependant important de noter qu’ils ont été obtenus suite à des recherches effectuées exclusivement sur les animaux. Ainsi, il faudra attendre encore quelques années avant de voir si ces résultats prometteurs pourront s’appliquer chez l’humain et, si c’est le cas, quelle quantité de l’épice sera nécessaire pour offrir un effet protecteur. En attendant, profitez-en pour découvrir l’épice indienne qui fait tant jaser!

[1] Thakare V. N., Osama M. M., Naik S. R. Therapeutic potential of curcumin in experimentally induced allergic rhinitis in guinea pigs. Int Immunopharmacol, Sept. 2013;17(1):18-25.
[2] Kurup V. P. et coll. Immune response modulation by curcumin in a latex allergy model. Clin Mol Allergy, 2007;5:1.
[3] Kinney S. R. M. et coll. Curcumin ingestion inhibits mastocytosis and suppresses intestinal anaphylaxis in a murine model of food allergy. PLoS ONE 10(7): e0132467. doi:10.1371/journal.pone.0132467.
[4] Shin H. S. et coll. Tumeric (curcuma longa) attenuates food allergy symptoms by regulating type1/type 2 helper T cells (Th1/Th2) balance in a mouse model of food allergy. J Ethnopharmacol, 2015;175:21-29.