Comment discuter des allergies alimentaires avec votre jeune enfant?
Par Katia Vermette, rédactrice
En collaboration avec Dre Rachel Boisjoli, psychologue et collaboratrice à Allergies Québec
Lorsque votre enfant reçoit un diagnostic d’allergies alimentaires, votre vie prend un tout autre sens. Vous vous transformez en expert de la gestion de risque : vous lisez avec attention les étiquettes des aliments, vous vous informez de la composition de certains plats au restaurant, vous portez une attention particulière à la contamination croisée. Mais, par-dessus tout, vous permettez à votre enfant de devenir un expert en gestion d’allergies alimentaires. Voici quelques conseils pour aider votre enfant à vivre avec ses allergies alimentaires.
1. Utilisez des termes simples et présentez un seul concept à la fois
Il est primordial que votre enfant connaisse et comprenne sa réalité. Pour y arriver, utilisez des termes simples qu’il pourra comprendre facilement. Parlez par exemple d’aliments dangereux pour faire référence aux allergènes alimentaires.
« Les jeunes enfants répondent bien à des exemples concrets », souligne Dre Rachel Boisjoli, psychologue et collaboratrice chez Allergies Québec. « On peut comparer le fait que l’enfant aime certains aliments et d’autres pas, à son corps qui lui aussi aime certains aliments et d’autres pas. Son corps se met en colère lorsqu’on lui présente un aliment à risque et réagit très fort, au point de se rendre malade. Il faut donc ne pas lui offrir d’aliments qu’il n’aime pas. »
Apprenez progressivement à votre enfant à distinguer les aliments dangereux des aliments sécuritaires pour lui. Si votre enfant présente une allergie au lait par exemple, pointez-lui le carton de lait, le contenant de yogourt ou l’emballage de fromage afin qu’il puisse identifier les aliments dangereux pour lui. Lorsque votre enfant sera plus vieux, vous pourrez lui apprendre à lire les étiquettes des aliments et reconnaître l’identification des allergènes.
Lorsque vous discutez avec votre enfant de ses allergies alimentaires, assurez-vous de n’introduire qu’un seul concept à la fois. De plus, comme le précise Dre Boisjoli,
« peu importe l’âge de l’enfant, il est important de s’assurer de sa compréhension en lui demandant d’exprimer en ses mots ce qu’il comprend de ses allergies et des comportements qu’il doit adopter. »
2. Apprenez à votre petit à reconnaître les symptômes d’une réaction allergique
Une fois que votre enfant comprendra sa situation, apprenez-lui à reconnaître les manifestations d’une allergie. Vous devrez porter une attention particulière à la manière dont votre enfant exprime ses symptômes, particulièrement en bas âge. Certains se mettront les doigts dans la bouche alors que d’autres tireront ou gratteront leur langue. Leur voix pourrait aussi devenir plus rauque lors d’une réaction allergique.
De plus, chaque enfant peut exprimer les symptômes d’une allergie de différentes manières. Certains pourraient, par exemple, vous mentionner que quelque chose pique la langue, que la bouche picote, que quelque chose est coincé dans la gorge, que les lèvres sont serrées, tandis que d’autres pourraient vous communiquer que des insectes picotent l’oreille ou qu’ils se sentent envahis par une peur incontrôlable. Vous devez donc être à l’affut de ces manifestations afin de réagir rapidement en cas de besoin.
3. Parents : restez calme!
Les enfants apprennent à réagir en observant les comportements des autres. Selon Dre Boisjoli,
« l’important est de trouver un équilibre entre le véritable risque (ou danger) et la peur qui, elle, peut être présente même lorsqu’il n’y a pas de danger. »
Ainsi, votre anxiété aura un impact direct sur celle de votre enfant. Il est donc important d’adopter de bons comportements face à la gestion des allergies alimentaires de votre enfant, tout en demeurant calme et objectifs face aux risques associés à son état.
« D’une certaine façon, il faut se rappeler que l’anxiété (la peur) ne sauve pas la vie. Ce sont les bons comportements générés par une vigilance adéquate qui sont nécessaires »,
nous rappelle Dre Boisjoli en faisant référence aux allergies alimentaires.
4. Impliquez votre enfant dans la prise en charge de ses allergies alimentaires
Plus vite votre petit comprendra pourquoi vous prenez des précautions pour éviter une réaction allergique (ex. : lire les étiquettes des aliments, toujours traîner avec vous un auto-injecteur), plus il sera enclin à adopter vos comportements.
Au départ,
« la prise de décision se fera avec le parent, qui graduellement laissera de plus en plus de responsabilités à l’enfant »,
souligne Dre Boisjoli. L’enfant devient généralement autonome au début de l’adolescence.
« À cette étape du développement, la vie sociale avec les amis devient plus importante et les occasions d’être exposé à des allergènes hors de la présence des parents se multiplient. L’adolescent doit être prêt à gérer ses allergies alimentaires seul. »
Il est important de développer le plus tôt possible de bons réflexes chez votre jeune enfant. Pour ce faire, privilégiez l’utilisation du « nous » au lieu du « je » lorsqu’il est question de la gestion de ses allergies (ex. : nous sommes prêts à partir : avons-nous ton auto-injecteur?). Encouragez également votre enfant à vous accompagner à l’épicerie et à prendre part à la préparation des repas. Vous l’amènerez par le fait même à se responsabiliser face à ses allergies alimentaires.
En terminant, sachez qu’Allergies Québec peut répondre à vos questions et vous aider à conscientiser votre enfant par rapport à ses allergies.
N’hésitez donc pas à nous contacter.
Suggestions de lecture
- Laisse-moi t’expliquer…Les allergies alimentaires (Solene Bourque et Martine Desautels), Éditions Midi Trente, 2012.
- Les allergies (Dre Catherine Dolto), Les éditions Gallimard Jeunesse/Giboulées, 2012.
- Pas de noix pour Sara – Une histoire sur… les allergies alimentaires (Sylvie Louis), Les éditions Enfants Québec, 2009.