Se préparer à l’entrée de son enfant dans un milieu de garde

Par Katia Vermette

Votre enfant vit avec des allergies alimentaires et il intégrera prochainement un centre de la petite enfance ou un autre milieu de garde?

Nous avons posé quelques questions à notre nutritionniste et formatrice spécialisée en milieu jeunesse, Christine Gadonneix, histoire de vous permettre de mieux vous préparer à cette nouvelle étape dans la vie de votre enfant.

Avant de lui céder la parole, notons que la Loi sur les services de garde éducatifs à l’enfance s’applique à tous les services régis par le ministère de la Famille, incluant les centres de la petite enfance (CPE), les garderies privées et certains services de garde en milieu familial. En ce sens, « le prestataire d’un service de garde doit assurer la santé, la sécurité et le bien-être des enfants à qui il fournit des services de garde » (art. 5.2).

Allergies Québec — Quelles sont les allergies les plus fréquentes chez les enfants de 0-5 ans qui fréquentent les services de garde?

Christine Gadonneix – Je dirais que le lait, les arachides et les œufs sont probablement les allergies les plus fréquentes. Les polyallergies sont également présentes dans ce groupe d’âge. J’ajouterais ici que vu que la petite enfance est le moment où l’on diversifie l’alimentation des jeunes enfants, tout nouvel aliment devrait être introduit par les parents, à la maison, et à plusieurs reprises avant d’être offert en milieu de garde. Il est donc essentiel que les parents soient sensibilisés et informés sur les menus du service de garde.

Allergies Québec — Quelles sont les différentes stratégies déployées dans les milieux de garde pour accueillir de façon sécuritaire un enfant allergique?

Christine Gadonneix – L’objectif premier des stratégies mises en place dans les milieux de garde est de bien inclure les enfants à besoins spécifiques dont on accepte la responsabilité, notamment ceux qui vivent avec des allergies alimentaires.

La première étape consiste évidemment, pour le parent, à déclarer l’allergie de son enfant, ce qui sera généralement fait lors de son inscription dans le milieu de garde. Par la suite, il faudra assurer un environnement sécuritaire et adapté aux besoins alimentaires spécifiques de l’enfant allergique. Une bonne communication et une collaboration de part et d’autre entre les parents et le service de garde seront donc essentielles à la réussite de l’intégration de l’enfant allergique.

Idéalement, une première rencontre entre le service de garde et les parents devrait avoir lieu avant même l’intégration de l’enfant dans le nouveau milieu. Lors de cette rencontre, le service de garde demandera aux parents de remplir certains formulaires (ex. : autorisation d’administrer un traitement d’urgence[1], autorisation d’afficher la photo de l’enfant dans le service de garde) et de fournir un billet médical attestant des aliments à éviter. Les parents doivent donc se préparer et avoir en main l’information dont le service de garde aura besoin pour bien assurer la sécurité de l’enfant allergique (ex. : liste précise des aliments intégrés dans l’alimentation de l’enfant à ce jour). C’est également lors de la première rencontre que l’on discutera de l’allergie de l’enfant, du Le plan d’urgence individualisé (ou plan d’urgence individualisé) en cas de réaction allergique et des différentes stratégies en place dans le milieu de garde.

En ce qui concerne précisément les stratégies, on fait par exemple référence à la mise en place de documents d’identification de l’enfant allergique dans le milieu et aux protocoles visant sa sécurité. Ces protocoles cibleront par exemple la préparation des repas et des collations (ex. : menus adaptés spécialement pour l’enfant, identification des plats et des collations au nom de l’enfant, distribution personnalisée avec un code couleur ou dans une vaisselle adaptée), la sélection des ingrédients (ex. : lecture systématique des étiquettes), de même que les méthodes visant à limiter la contamination croisée.

Il faudra également s’assurer d’une transmission efficace de l’information concernant l’allergie de l’enfant à l’interne, soit de l’administration au responsable de l’alimentation, à l’éducatrice de l’enfant, puis à l’ensemble de l’équipe du milieu de garde. En effet, lorsqu’un enfant est allergique, et surtout s’il présente un risque d’anaphylaxie, on veut savoir en tout temps où se trouvent le jeune et son traitement advenant une réaction allergique.

Du côté de la reconnaissance des symptômes de l’anaphylaxie chez l’enfant, ces notions sont incluses dans le cours de premiers soins, lequel est obligatoire pour tout le personnel du service de garde qui gravite autour de l’enfant allergique.

Notes

  • En ce qui concerne l’hygiène et la salubrité, une formation portant notamment sur les méthodes de travail pour éviter la contamination est requise pour tous les exploitants des lieux où sont préparés des aliments destinés à la consommation humaine, incluant les services de garde accueillant plus de 9 enfants et reconnus par le ministère de la Famille (Règlement sur les aliments, chapitre P-9, r.1). Les responsables en milieu familial doivent également se soumettre à la plusieurs articles du Règlement. Dans ce contexte, certains parents d’enfants allergiques opteront ainsi pour un milieu de garde régi par le ministère de la Famille.
  • Selon la Loi sur les services de garde éducatifs à l’enfance, « le titulaire d’un permis [de centre de la petite enfance ou de garderie] doit s’assurer que chaque membre de son personnel de garde soit titulaire d’un certificat, datant d’au plus 3 ans, attestant la réussite d’un cours de secourisme adapté à la petite enfance d’une durée minimale de 8 heures comprenant un volet sur la gestion de réactions allergiques sévères ou d’un cours d’appoint d’une durée minimale de 6 heures visant la mise à jour des connaissances acquises dans le cadre du cours de secourisme adapté à la petite enfance » (art. 20).

Allergies Québec— Le retrait des allergènes dans les milieux de garde est-il souhaitable et envisageable?

Christine Gadonneix — Il est utopique de croire que l’on peut éliminer tous les allergènes alimentaires de la cuisine d’un milieu de garde. Il est préférable de bien se préparer et d’adopter des méthodes efficaces qui permettront d’éviter la contamination et réduire le risque pour l’enfant, sans pour autant retirer tous les allergènes. L’important est que toute l’équipe ait suivi la même formation sur les allergies alimentaires et leur gestion, que tout le personnel reçoive le même message.

La démarche du milieu de garde devrait également être partagée avec les parents d’enfants allergiques, en toute transparence. Les actions devraient être axées sur la prévention et l’installation de filets de sécurité dans le milieu, lesquels permettront de réduire le risque pour l’enfant allergique.

Dans certaines circonstances, on pourrait envisager le retrait temporaire des allergènes, par exemple dans un service de garde en milieu familial ou encore dans les groupes d’enfants plus jeunes. Cela donne le temps à la responsable ou au personnel de s’adapter à l’allergie et d’adopter des stratégies de gestion efficaces des allergènes.

Allergies Québec— Quels conseils donneriez-vous aux parents qui sont inquiets d’intégrer leur enfant allergique dans un service de garde?

Christine Gadonneix – Informez-vous, posez des questions. Arrivez avec une attitude ouverte et répondez aux questions et aux exigences du milieu de garde en termes, par exemple, de documents à fournir. Lisez la documentation et les politiques que le service de garde vous remettra afin de bien comprendre comment se passeront l’intégration et l’identification de votre enfant, la planification des repas, les sorties à l’extérieur de l’installation. Ces documents pourront servir de point de départ aux discussions que vous aurez avec le milieu de garde.

En attendant que votre petit soit assez grand pour gérer lui-même le risque lié à la présence des allergènes alimentaires dans son environnement, une bonne communication avec le milieu de garde est de mise afin d’assurer une intégration sécuritaire!

Quelques conseils pour développer l’autonomie de votre enfant lorsqu’il grandit :

  • Expliquez-lui que certains aliments peuvent le rendre gravement malade;
  • Informez-le sur les allergènes qu’il doit à éviter;
  • Habituez-le à porter une pièce d’identification médicale signalant ses allergies (ex. : bracelet MedicAlert® ou autre);
  • Enseignez-lui à reconnaître les symptômes d’une réaction allergique et à prévenir un adulte immédiatement s’ils surviennent;
  • Dès le jeune âge, impliquez votre enfant dans les gestes de prévention (vous êtes son modèle!) :
  • Se laver les mains avant et après les repas;
  • Laver les comptoirs de la cuisine avant de cuisiner;
  • Se responsabiliser (ex. : mettre son napperon sur la table);
  • Développer le réflexe de toujours lire les étiquettes avant d’utiliser ou de manger un ingrédient (bien avant la lecture, on lui apprendra à demander à un adulte de le faire pour lui);
  • Préparer avec vous ses aliments;
  • Apprendre à porter son auto-injecteur, etc.

[1] N.B. Le Règlement sur les activités professionnelles pouvant être exercées dans le cadre des services et des soins préhospitaliers d’urgence stipule qu’en l’absence des services d’urgence, par exemple un premier répondant ou un technicien ambulancier, « toute personne peut administrer l’adrénaline lors d’une réaction allergique sévère de type anaphylactique à l’aide d’un dispositif auto-injecteur »