L’éducation avant tout

Texte intégral
Par France Brodeur

Bonjour à vous tous!

J’aimerais brièvement partager avec vous le cheminement que nous avons eu à faire, moi et ma famille, avec les allergies alimentaires.

Nous sommes trois et nous sommes tous allergiques à plusieurs choses différentes. Par exemple, mon fils de 21 ans est allergique aux arachides, aux noix, aux fruits de mer, au pollen et aux animaux depuis qu’il est tout petit. Moi, je suis allergique aux ananas, aux kiwis, aux animaux ainsi qu’au pollen et mon conjoint ne peut manger de bleuets et est allergique au pollen, lui aussi.

Chez nous, vous trouverez toujours à portée de main un EpiPen, du Benadryl en gélule et des antihistaminiques. La propreté des mains, des surfaces et des articles de cuisine ainsi que le non partage des articles d’hygiène sont des règles instaurées depuis très longtemps et assimilées de tous à la maison.

Il y a longtemps que nous vivons ainsi et nous ne voyons pas cela du tout comme une restriction, bien au contraire: c’est devenu une routine rassurante.

Très souvent, ce sont les gens qui ne connaissent rien aux allergies alimentaires qui sont le plus grand obstacle pour nous, mais nous continuons de répéter les informations aux gens en espérant qu’un jour, tout le monde saura ce que c’est vraiment. Alors, nous aurons le plaisir de ne plus entendre certaines phrases telles que:

« Tu es allergique aux arachides? Ah bon! Pas de problème: nous aurons juste à « tasser » les arachides et tu pourras en manger quand même! »»

ou encore:

« Mon chat est hypoallergénique!» « Mon chat n’a pas de poils!» ou « Je vais sortir mon chat dehors le temps que tu es là. »

Vous comprendrez que je pourrais continuer encore longtemps d’énumérer les situations et commentaires qui prouvent à quel point, encore aujourd’hui, les gens sont inconscients du danger réel pour une personne qui souffre d’allergies alimentaires de faire une très grave réaction. Il y a encore beaucoup trop d’ignorance.

Il y a aussi l’aspect psychologique dont nous ne tenons bien souvent pas compte. Mon fils a vécu beaucoup de rejet et de harcèlement, de moqueries à l’école. Il a passé ses années d’école primaire à regarder les autres manger des bonbons à l’Halloween, à Noël, à Pâques et à plusieurs autres occasions. À l’école, la nourriture servait souvent de récompense. Alors, mon fils a vécu beaucoup de frustrations et détestait l’école.

De mon côté, moi, la maman, je souffrais autant que lui et j’ai dû souvent le consoler de ne pas pouvoir manger ce que les autres mangeaient. J’ai très souvent changé mon horaire de travail afin de pouvoir être présente aux activités et j’apportais les bonbons (sans noix ou arachides!) que je distribuais à tous les enfants gratuitement. J’ai fait très souvent du bénévolat et je fournissais la nourriture, les gâteaux maison, etc. J’étais souvent épuisée, mais je voulais à tout prix que mon fils soit heureux comme les autres lors des activités à l’école.

Heureusement, aujourd’hui, grâce à notre acharnement à expliquer des millions de fois à tous ce que c’est que de vivre avec des allergies alimentaires, les écoles font beaucoup plus attention à cela et c’est tant mieux! J’espère que les enfants d’aujourd’hui n’ont pas à vivre le rejet et les questions douteuses ainsi que le grand manque de tact de la part de certaines personnes!

Il y a plusieurs façons de regarder une situation. Être allergique, ce n’est pas toujours facile, mais maintenant que nous avons eu à passer à travers toutes ces émotions et ces étapes, je peux vous assurer que nous pouvons dire que le fait d’avoir un fils allergique nous a apporté quelque chose de précieux. Nous avons tissé des liens indéfectibles avec notre fils. Notre fils entrera à l’automne à l’université. Nous ne pouvons cacher toute la fierté et la reconnaissance que nous avons d’avoir un fils comme le nôtre! Parce qu’il a toujours eu à composer avec les restrictions qu’occasionnent les allergies alimentaires, il est devenu très responsable et mature. Il a dû apprendre très tôt à s’affirmer et dire « non » pour sa sécurité. Il est débrouillard et persévérant. Tout le monde dit de lui qu’il est responsable et qu’on peut lui faire confiance! Nous sommes vraiment très fiers de lui!

Vos enfants vivent peut-être la même chose. Ils sont sûrement plus matures et débrouillards que les autres parce qu’ils doivent vivre avec des restrictions et être vigilants plus que les autres enfants de leur âge. Croyez moi: c’est un grand atout, selon moi, et non pas un handicap!

Bonne chance à tous, en espérant que mon témoignage puisse vous apporter un petit plus!