Les allergies alimentaires et les responsabilités de l’employeur, l’exemple de Julie Galarneau

Par Katia Vermette

Quand on parle d’allergies alimentaires, on fait souvent référence aux enfants. L’introduction des premiers aliments, la gestion des allergies dans les écoles, la sensibilisation en milieu scolaire. Or, dans bien des cas, les allergies alimentaires persistent à l’âge adulte et l’individu doit faire face à un nouveau défi : celui du travail. 

Julie Galarneau est allergique aux poissons, aux fruits de mer et aux sulfites. Elle travaille depuis plusieurs années dans une pharmacie en tant qu’assistante technique. Là, elle côtoie ses collègues et partage avec eux les différents postes de travail au laboratoire.

Du plus loin qu’elle se souvienne, la jeune femme a toujours pris en charge la gestion de ses allergies alimentaires en mettant elle-même en place les mesures nécessaires pour assurer sa sécurité. Nous lui avons demandé de nous expliquer sa réalité et les moyens qu’elle utilise pour limiter le risque de réactions allergiques en milieu de travail.

Mais d’abord, le point sur les obligations de l’employeur.

La responsabilité de l’employeur en matière de gestion des allergies alimentaires

Au Québec, il revient à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST) d’assurer le respect des droits et des obligations en milieu de travail, et ce autant auprès des travailleurs que des employeurs. Mais lorsqu’il est question des allergies alimentaires, la responsabilité semble reposer exclusivement sur les épaules de l’employé.
En effet, rien n’oblige un employeur à mettre en place des mesures visant à réduire le risque de contamination par des allergènes sur les lieux de travail[1]. En revanche, toutes les entreprises au Québec sont assujetties au Règlement sur les normes minimales de premier secours et de premiers soins, qui stipule que les employeurs doivent « assurer la présence en tout temps durant les heures de travail d’au moins un secouriste par quart de travail ». Le nombre de secouristes sur place variera en fonction du nombre d’employés présents.

La réalité de Julie, ou comment se protéger en milieu de travail

La pharmacie où Julie travaille emploie une cinquantaine de personnes réparties dans différentes équipes. Au laboratoire, on retrouve plusieurs postes de travail, chacun muni d’un ordinateur, d’un téléphone et d’un comptoir servant à préparer les ordonnances.

D’une journée à l’autre et parfois dans un même quart de travail, Julie est appelée à changer de poste. Chaque fois, elle s’expose donc un risque, ne sachant pas ce que la personne avant elle a touché. Elle doit prendre les précautions nécessaires pour assurer sa propre sécurité. Voici quelques mesures simples que Julie a mises en place dans son milieu de travail qui peuvent être adaptées au vôtre.

Informer et sensibiliser ses collègues à la réalité des allergies alimentaires

Pour un travailleur, l’une des premières choses à faire pour limiter le risque de réaction sur les lieux de travail est d’informer son patron et ses collègues de ses allergies, en prenant bien soin de ne pas les minimiser. Les autres doivent savoir qu’une allergie alimentaire peut entraîner la mort et que de simples mesures comme le lavage des mains et des surfaces communes peuvent limiter grandement le risque pour l’employé allergique.

C’est ce que fait Julie au quotidien. Tous ses collègues savent qu’elle vit avec des allergies alimentaires. Et chaque fois qu’un nouvel employé intègre l’équipe, elle l’informe de sa réalité. « Je préviens les autres, parce que s’ils ne se lavent pas les mains après avoir mangé du poisson et qu’ils touchent au téléphone, j’aurai une réaction si j’y touche par la suite », souligne Julie. Et son initiative porte fruit. Les gens avec qui Julie travaille sont plus sensibilisés aux allergies alimentaires. Certains l’avertissent même lorsqu’ils ont du poisson dans leur lunch.

S’assurer que ses collègues sont en mesure de reconnaître une réaction allergique

L’employeur de Julie, comme beaucoup d’entreprises au Québec, s’assure d’avoir toujours sur les lieux de travail au moins une personne ayant complété sa formation de secouriste. Ainsi, si Julie avait une réaction allergique, un collègue pourrait lui porter secours.

Par contre, il est toujours préférable d’apprendre à ses collègues à reconnaître les signes et symptômes d’une réaction allergique et à utiliser un auto-injecteur d’épinéphrine. Assurez-vous également de porter sur vous en tout temps votre médication d’urgence ou d’indiquer à vos collègues où elle se trouve afin qu’ils puissent y avoir accès en cas de choc anaphylactique.

Nettoyer les surfaces communes régulièrement

Parce qu’elle partage son poste de travail avec ses collègues, Julie s’assure de nettoyer avec des lingettes désinfectantes les surfaces avec lesquelles elle entrera en contact, par exemple le clavier d’ordinateur et le combiné du téléphone, et ce, dès son arrivée à son poste. « Je ne sais pas à quoi les autres ont touché ni ce qu’ils ont fait avant que j’arrive », souligne l’assistante technique. Elle ne peut donc pas prendre le risque d’entrer en contact accidentel avec des allergènes qui pourraient lui être fatals.

Ne rien laisser au hasard

Malgré toutes les précautions qu’elle prend au quotidien, Julie a souvent été confrontée au risque d’un contact avec des allergènes en contexte de travail. Il lui est arrivé à plusieurs reprises de jeter son repas en totalité parce qu’une substance non identifiée provenant de la boîte à lunch d’un collègue avait coulé sur la sienne. Elle s’est également retrouvée devant un buffet lors d’une formation donnée au siège social, alors qu’on avait pris la peine de lui faire remplir au préalable un formulaire pour identifier ses allergies alimentaires.

Le risque zéro n’existe pas lorsqu’il est question d’allergies alimentaires. Et quand on partage un environnement de travail avec des collègues, mieux vaut ne rien laisser au hasard et être prêt à toute éventualité!

[1] La Loi sur les normes du travail prévoit cependant qu’un salarié comptant trois mois de service continu chez le même employeur peut s’absenter du travail pour une période d’au plus 26 semaines sur une période de 12 mois, sans salaire, en raison d’une maladie, dont fait partie la réaction allergique.