L’encadrement des enfants allergiques dans les écoles : la situation au Canada

Par Katia Vermette, rédactrice

L’histoire s’est écrite en Ontario, en septembre 2003. Sabrina Shannon, une jeune adolescente de 13 ans allergique aux arachides, au lait et au soya, se rend à la cafétéria de son école à l’heure du dîner. Elle arrête son choix sur les frites, après s’être assurée qu’elles avaient été cuites dans l’huile végétale et non dans l’huile d’arachide. Quelques minutes après avoir terminé son dîner, elle a du mal à respirer. Rapidement, les choses se précipitent et elle perd connaissance avant qu’on ait le temps de lui administrer son auto-injecteur d’épinéphrine. Elle est transportée à l’hôpital, mais les dommages à son cerveau sont trop importants : elle décède le lendemain.

En réponse à ce tragique événement, la mère de l’adolescente, Sara, se lancera dans une longue bataille qui durera des mois. Son objectif : s’assurer qu’un tel incident ne se reproduise pas.

L’Ontario : pionnière dans l’encadrement de l’anaphylaxie en milieu scolaire

La croisade de Sara portera ses fruits en 2005, alors que l’Ontario vote la Loi Sabrina. Première du genre dans le monde, la législation vise à assurer que chaque conseil scolaire* de la province mette en place des politiques et des procédures encadrant la gestion de l’anaphylaxie dans les écoles qu’il dessert.

Les politiques aujourd’hui en place dans les écoles ontariennes englobent plusieurs aspects de la gestion de l’anaphylaxie. Par exemple, chaque établissement est contraint d’élaborer des stratégies permettant de réduire le risque d’exposition à des allergènes et mettre en place un plan de communication assurant la transmission de l’information pertinente en ce qui concerne les allergies potentiellement fatales aux parents, aux élèves et au personnel de l’école. De plus, des formations régulières portant sur l’anaphylaxie doivent être suivies par les employés et les individus entrant régulièrement en contact avec des élèves. Les écoles sont également tenues de mettre en place un plan d’intervention individualisé pour chaque élève présentant une allergie potentiellement fatale.

Des provinces emboitent le pas…

Après l’entrée en vigueur en Ontario de la Loi Sabrina le 1er janvier 2006, d’autres provinces canadiennes ont voté une législation similaire. Sont alors entrées en vigueur l’Anaphylaxis Protection Order en Colombie-Britannique, le Public Schools Amendment Act au Manitoba, le Procedures for Dealing with Life-Threatening Allergies à l’Île-du-Prince-Édouard et les Guidelines for Anaphylaxis Management in Schools  à Terre-Neuve/Labrador. L’Alberta a également publié des lignes directrices sur le sujet, celles-ci guidant les écoles dans la mise en place de leurs propres protocoles en matière d’anaphylaxie

Dans toutes ces provinces, rappelons que l’objectif n’est pas d’offrir aux élèves allergiques un environnement sans risque. Il s’agit plutôt de leur permettre d’évoluer dans un milieu où le risque est contrôlé et où des mesures sont mises en place pour gérer d’éventuelles réactions anaphylactiques.

Alors que d’autres traînent de la patte

Bien que certaines provinces se soient dotées d’une politique claire en ce qui concerne l’encadrement des enfants allergiques dans les écoles, d’autres sont loin d’avoir en place des procédures concrètes. C’est le cas notamment de la Nouvelle-Écosse et de la Saskatchewan. Dans cette dernière province, la gestion de l’anaphylaxie passe par un plan d’inclusion et d’intervention. Ce document écrit décrit les stratégies et les interventions prévues pour optimiser l’apprentissage d’un élève au sein de son milieu scolaire. On est tout de même loin de l’anaphylaxie…

Pendant ce temps, au Québec…

Ici, aucune législation provinciale n’encadre pour le moment les enfants allergiques en milieu scolaire. Chaque commission scolaire doit donc élaborer son propre protocole en matière de gestion de l’anaphylaxie et le faire respecter dans les écoles qu’elle dessert. Les politiques et procédures varient donc d’une école à l’autre.

Afin de faire bouger les choses, Allergies Québec a élaboré un protocole visant l’encadrement des enfants allergiques en milieu scolaire. Ce protocole a fait l’objet d’un projet pilote dans quelques écoles privées de la province à l’automne dernier.

Même si aucun protocole uniforme n’est en place dans nos écoles, espérons que ce projet donnera le coup d’envoi à une uniformisation de la gestion de l’anaphylaxie en milieu scolaire, afin d’assurer un environnement sécuritaire à nos petits allergiques.

Bonne rentrée scolaire!