Connaissez-vous bien l’allergie alimentaire?

1. Les allergies alimentaires ne sont pas dangereuses.

FAUX. Lors d’une réaction allergique à un aliment, le système immunitaire réagit en libérant ce que l’on appelle des médiateurs chimiques (histamine, prostaglandines, etc.). Ces substances sont responsables des manifestations cliniques de l’allergie. On estime que les symptômes d’ordre cutané seront présents dans 80 % des réactions allergiques[i]. Plusieurs de ces symptômes sont relativement bénins, notamment l’urticaire, les rougeurs au niveau de la peau ou encore l’exacerbation d’un eczéma déjà présent. Mais attention! L’allergie alimentaire ne doit en aucun cas être prise à la légère. Lors de réactions plus sévères, l’allergie peut mener à l’anaphylaxie. Il s’agit d’une réaction immunitaire grave pouvant affecter simultanément les systèmes cutané, gastro-intestinal, respiratoire et cardiaque[ii]. En l’absence de traitements médicaux d’urgence appropriés, soit l’administration de l’auto-injecteur d’adrénaline, l’anaphylaxie peut être fatale.

2. Vous pouvez être allergique à n’importe quel aliment.

VRAI. Toute protéine alimentaire a théoriquement le potentiel d’être allergène. Ainsi, tous les aliments contenant des protéines sont susceptibles de provoquer le développement d’une allergie chez un individu donné. Il est cependant intéressant de noter que 90 % des allergies alimentaires sont provoquées par seulement 10 aliments répertoriés par Santé Canada, soit le lait, les œufs, les arachides, noix, le blé, le soya, le poisson, les crustacés la moutarde et les sulfites. Attention aussi à ne pas confondre allergie et intolérance alimentaire.

3. Si vous n’avez jamais été allergique à un aliment, vous ne le serez jamais.

FAUX. Une allergie peut se développer à n’importe quel âge. Des chercheurs de la Northwestern University Feinberg School of Medicine de Chicago ont analysé les dossiers médicaux de 1 111 patients ayant reçu un diagnostic d’allergie alimentaire. Ils se sont rendu compte que dans plus de 15 % des cas, l’allergie se développait après l’âge de 18 ans, le plus souvent au début de la trentaine[iii]. De plus, les résultats de cette étude suggèrent que plus le diagnostic d’allergie est établi tard dans la vie d’un individu, plus le risque que les réactions allergiques soient sévères est élevé.

4. Si vous êtes allergique à un aliment, mais n’avez jamais eu de réaction anaphylactique, vous n’en aurez jamais.

FAUX. La principale caractéristique de l’anaphylaxie est son imprévisibilité. Malheureusement, ce n’est pas parce qu’une personne a toujours présenté des réactions allergiques peu sévères à un aliment qu’elle est à l’abri de l’anaphylaxie. Certains facteurs ont cependant été associés à un risque plus élevé de réaction anaphylactique potentiellement fatale chez la personne allergique. Parmi ces facteurs, notons la présence d’asthme (même s’il est contrôlé), une réaction allergique antérieure à un aliment (encore plus si la réaction était sévère) et le fait qu’il s’agisse d’un adolescent ou d’un jeune adulte2. Aussi, même si l’anaphylaxie peut s’observer avec n’importe quel aliment au potentiel allergène, elle est plus souvent associée aux arachides, aux noix, au lait, aux œufs, au poisson et aux fruits de mer[iv].

5. Si j’ai une réaction anaphylactique après avoir été en contact avec un aliment, l’administration d’épinéphrine suffira à soulager les symptômes.

VRAI ET FAUX. L’épinéphrine (ou adrénaline) agit en renversant les effets de l’anaphylaxie, ce qui pourrait bien vous sauver la vie en cas de réaction allergique sévère. Il est cependant important de se rappeler que l’épinéphrine doit être administrée le plus rapidement possible lors d’une réaction anaphylactique afin de limiter le risque de décès2. En fait, plus on retarde son administration, plus le pronostic s’assombrit. On augmente également le risque de voir réapparaître les symptômes de l’anaphylaxie dans les heures suivant la réaction initiale, et ce sans que l’individu ait été réexposé à l’allergène[v]. C’est ce que l’on appelle la réaction biphasique. C’est pourquoi il est important de se rappeler que lors d’une réaction anaphylactique, même si l’adrénaline a été correctement administrée, il est essentiel de se rendre à l’hôpital afin d’obtenir des traitements d’appoint, au besoin.

Et maintenant, verrez-vous les allergies alimentaires de la même manière?

 

[i] Turnbull J. L. et coll. Review article: the diagnosis and management of food allergy and intolerances. Aliment Pharmacol Ther, Jan 2015, 41(1):3-25.
[ii] Sampson H. A. Anaphylaxis and Emergency Treatment. Pediatrics, June 2003, 11(6): 1601-1608.
[iii] Kamdar T. A. et coll. Prevalence and characteristics of adult-onset food allergy. J Allergy Clin Immunol Pract, Jan-Fév 2015, 3(1):114-15.
[iv] Cheung A. Le traitement d’urgence de l’anaphylaxie chez les nourrissons et les enfants. Paediatr Child Health, 2011, 16(1):46-6.
[v] Ministère de la santé et des services sociaux du Québec. Intervention auprès des personnes victimes de réaction allergique sévère de type anaphylactique – Guide du participant. Mai 2008.http://publications.msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2008/08-929-01W.pdf (consulté le 7 avril 2015).